1. |
La course du lièvre
02:58
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LA COURSE DU LIEVRE
A courir après le lièvre
A courir après le lièvre
On court après sa peau
Mais on n'a pas le lièvre
On s'interroge alors, heureux propriétaire
D'une peau de lapin en guise de trophée
On se demande alors si c'est bien là l'affaire
Qui nous faisait jadis courir comme un damné
Et on se sent bien con, un peu plus démuni
D'avoir gâché trop tôt le plus beau de nos âges
A courir en tout sens, à en perdre l'esprit
Pour une ombre de lièvre, pour une peau de hase
A courir après le lièvre
A courir après le lièvre
On en oublie sa peau
On court après son ombre
On se sent dépassé, essoufflé et hagard
On cherche espérément puisqu'on l'avait coincée
Au bout d'une impasse ou au terme d'un couloir
Cette ombre qui s'efface comme on l'avait rêvée
Alors on désespère et on se sent penaud
On se blottit frileux au fond d'une ruelle
On ne bouge même plus, on ne fait plus le beau
On attend, fatigué, une vaine étincelle
A courir après cette ombre
A courir après cette ombre
On en perd le souv'nir
Mais après quoi courait on?
Et on court comme un con sans jamais penser plus
De peur qu'un tel effort nous ramène sur terre
Et nous rappelle encore et nous rappelle en plus
Qu'on s'était fourvoyé en suivant cette galère
Et on s'arrête un jour les yeux écarquillés
Pour comprendre soudain que prend fin le chemin
Ravine encaissée qu'on croyait s'être tracée
Dans l'ombre d'une ombre de l'ombre d'une fin
A courir après l'ombre
De l'ombre de cette ombre
Après quoi courait on?
On en oublie le lièvre
A force de courir, de poursuivre les ombres
Et traquer les chimères qui parcourent l’enfance
A force de ratages, on a les rêves sombres
De nos désirs perdus mais on a eu la chance
D'avoir couru de part en part au long des rêves
Qu'on s'était fabriqués doucement si longtemps
D'avoir pris le meilleur, d'avoir goûté la sève
Des illusions qui ouvrent la vie à tous les vents.
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2. |
Clerc de nul
04:55
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CLERC DE NUL
Je reposerai à l'ombre
D'un hêtre solitaire
Je ne serai pas du nombre
Des dedans de la terre.
Elle fermera mes paupières
Doucement sans parler
Regard'ra en arrière
Et m'aura oublié.
Laissez moi vivre un peu.
Abandonn'ra mon ombre
Mon corps décomposé
Elle sera du nombre
De ceux qui m'ont quitté.
refrain:
Moi je reposerai à l'ombre
Massive, d'un hêtre centenaire
Je me mêlerai à l'humus
Sentirai la terre au fond des doigts.
A ma fête dernière,
Il n'y aura qu'elle et le vent
Ils seront deux solitaires
A mon enterrement.
Elle posera ses lèvres
Sur ma bouche glacée
Mais son amour sans fièvre
S'est déjà consumé
Laissez moi vivre un peu.
Pour une vie nouvelle
Qui dès demain l'attend
Elle quittera mon aisselle
Pour celle d'un autre amant.
refrain:
Moi je reposerai à l'ombre
Massive, d'un hêtre centenaire
Je me mêlerai à l'humus
Sentirai
La terre au fond des doigts.
Quand je suis mort hier
Elle a appelé la famille
L'cousin, l'pépé, l'beau-frère
Et même l'amant d'ma fille.
Toute cette bande de vauriens
Pleurait à mon chevet
Inventait qu'ils m'aimaient bien
Qu'ils m'oublieraient jamais.
Laissez moi rire un peu.
Elle fermera mes paupières
D'un petit geste pressé
Oubliera de se taire
Putain qu'elle me fait chier.
refrain:
Moi je reposerai à l'ombre
Massive, d'un hêtre centenaire
Je me mêlerai àl'humus
Sentirai la terre au fond des doigts.
Amants, vins d'une autre vie
Y a longtemps qu'elle connait
Elle a pas attendu qu'je sois ci-git
Pour changer de taulier
Et il prenait ses aises
Ce voisin de palier
C'est dans mes charentaises
Qu'il réchauffait ses pieds.
Laissez moi rire un peu.
Elle fermera mes paupières
Avant de s'habiller
Et d'aller chez l'notaire
Finir de me sucer
refrain:
Moi je reposerai à l'ombre
Massive, d'un hêtre centenaire
Je me mêlerai à l'humus
Sentirai la terre au fond des doigts.
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3. |
Pour toi
04:25
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POUR TOI
Pour toi j'aurais donné
Quelques années de plus
Quelques années flouées
Quelques années perdues
Celles où l'on cherche encore
Certains fruits défendus
Où l'on traque les corps
A bouche que veux tu
J'aurais abandonné
L'illusion de visages
Que je tenais serrés
Au plus fort des orages
Et j'aurais oublié
Qu'à faveur des usages
Ce ne sont que mirages
Que l'on finit d'aimer
Pour toi j'aurais aimé
Délaisser les années
Abandonner les miens
Pour des lubies, pour rien
Et sans me retourner
Laisser mes souvenirs
Les chagrins et les rires
Mourir à ton chevet.
Que ne t'ai je vécue
Quelques années plus tôt
Pour qu'à corps éperdu
On trouve le repos
Et la sérénité
Qu'ont les gens installés
Au cœur de leur printemps (Au bras de leurs amants)
Au creux de leurs cent ans.
Que ne t'ai je enserrée
Plus longtemps qu"à mon heure
Que ne t'ai je gardée
Plus fort petite soeur.
Peut être aurais tu pris
Quelques rides de plus
Mais tu m'aurais permis
De les avoir vécues.
J'aurais aimé me fondre
Au plus beau de ton corps
Au plus noir de ton ombre
Et comme on s'aimait fort
J'aurais voulu tenir
Ton rire à pleine paume
Quand tu riais de dire
Le prénom de ton môme.
...Que ne t'ai je aimée
Plus tôt et plus longtemps
Que n'ai j'tout simplement
Cessé de te rêver
Et aujourd'hui je sombre
De t'avoir pourchassée
Car mignonne ton ombre
Obscurcit mon passé.
Pour toi j'aurais vécu
Quelques années de plus
Pour toi j'aurais tenu
Bon la corde des âges
J'aurais peut être su
Eviter les naufrages
Qu'apportent les mirages
Des attentes déçues.
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4. |
Intermède zodiacal
02:29
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INTERMEDE ZODIACAL
Il est né sous le signe de l'hippopotame
Ses fesses étaient larges et plates, blafardes
Son pantalon avait appartenu
A un gros éléphant
Il pendait bas dans l'entre- cuisses
On pouvait y entasser jusqu'à cent pièces d'or.
Il est né sous le signe de l'hippopotame.
Sa bretelle droite s'enfonçait dans le gras de l'épaule
La gauche pendait flasquement jusqu'au genou.
Quand le vent soufflait de l'Est,
Ilportait un chapeau de paille en papier
Fait d'un exemplaire du petit saumurois
Quand le vent soufflait verticalement de haut en bas,
Il remplaçait ses pantoufles par des baskets
Avec des lacets jaunes.
Il est né sous le signe de l'hippopotame.
Chaque jeudi à neuf heures, il met une chemise mauve,
A midi et quart il la constelle de jaune d'oeuf.
Depuis 1914 le haschisch
Etait remplacé par le caporal ordinaire
Pour d'évidentes raisons de salubrité
Il est né sous le signe de l'hippopotame.
Le rituel étouffe le crée
Les papillons naissent déjà transpercés
De l'épingle qui permettrea de les fixer
Sur le bouchon, la semine suivante
C'est pourquoi
Chaque jour il débouche trois bouteilles de vin rouge
Religieusement.
Il est né sous le signe de l'hippopotame.
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5. |
La famille
03:52
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LA FAMILLE
L'un de nous s'était rendu libre
La famille s'était coupée d'un quart
D'un élément de l'équilibre
Pour la famille c'était trop tard (bis)
L'avait perdu une de ses ailes
Ell' tenait artificiellement
Elle ne tenait plus en selle
Elle s'échouait si lentement
Refrain :
T'es parti, vieux, sans dire au r'voir
L'départ n'est pas bien élégant
La famille était autour du feu
Faisant encore semblant d'y croire
Au fond elle y croyait si peu
C'était l'théâtre tous les soirs (bis)
Pourtant elle y mettait du sien
Elle n'oubliait jamais de fêter
Les fête,s les noëls et surtout les
Anniversaires sauf peut être un (bis).
Refrain :
T'es parti, vieux, sans dire au r'voir
L'départ n'est pas bien élégant
Ils étaient trois autour de la table
Le père, la mère, le fils, le chien
Ils étaient tous si aimables
Mais ils n'étaient presque plus rien (bis)
La famille finit son envol
La famille s'est essouflée
La famille est au ras du sol
Elle fait un dernier pied de nez (bis).
Refrain :
T'es parti, vieux, sans dire au r'voir
L'départ n'est pas bien élégant
La famille était estropiée
Il est parti il y a si longtemps
Qu'elle a réappris à marcher
Bien qu'ce soit mal élégamment(bis)
La famille roulait sur trois roues
La famille semblait bancale
Mais elle tiendrait jusqu'au bout
Vu qu'une famille c'est pas si mal (bis).
Refrain :
T'es parti, vieux, sans dire au r'voir
L'départ n'est pas bien élégant
Mais depuis quelques mois déjà
La famille a grandi d'un tiers
D'un morveux qui n's'annonçait pas
Les grands parents sont pas peu fiers (bis).
La famille va refaire un tour
Les pendules reviennent à zéro
Dans le roulement des tambours
La famille reprend son numéro (bis).
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6. |
Mona Lisa
02:16
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Mona Lisa.
La maman de la Joconde
L’aurait préférée en blonde
Il est vrai que cette donzelle
Avait peu de choses pour elle
Si au moins elle souriait
Ou avait l'air aimable
N'était pas renfrognée
Sa beauté serait passable
La maman de la Joconde
Voulait la marier
A un homme du grand monde
Ou à un preux chevalier
Mais elle leur faisait la gueule
Vous étonnez pas trop
Qu'la Joconde soit toute seule
Coincée dans son tableau.
Elle trouvait préférable
D'rester chez sa maman
De mettre les pieds sous la table
S'accorder du bon temps
Sa pauvre mère devait tout faire
Pour cett' gosse mal grandie
Qui délaissait ses affaires
Et paraissait au lit.
La maman de la Joconde
Se disait "quand bien même
Ma fille serait gironde
Cà n'changerait pas le problème"
"Ce petit sourire en coin
Ces yeux fixes dans le vide
Ne lui donnent pas l'air fin
Mais carrément stupide"
La maman de la Joconde
N'avait plus qu'une idée
C'est de lui faire voir du monde
De s'en débarrasser
Mais...qu'on l'emmène dans les soirées
Qu'on la sorte le Samedi
Dans les bals de quartier
Elle faisait tapisserie
"Elle passe son temps à traîner
Dormir et rêvasser
Cette fille je vous le jure
Vaut mieux l'avoir en peinture".
"Et j'ai beau être sa mère
J'vois pas qui aurait envie
S'rait assez nul pour se la faire
Ah?...Bonjour monsieur Vinci."
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7. |
La photo
03:25
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LA PHOTO
Je regarde cette photo muette
Des gens qui sont au loin
Que je ne connais pas
Mais je n’oublie pas
Leurs signes d’amitié
Leur sourire en coin
leurs adieux envoyés
Leur geste de la main
Cette image est figée
Et j’aurais pu être
Assis à leur côté
Devant cette guinguette.
Et tous ces couples qui dansent
Leurs gestes sont embarrassés
Par le temps qui s’embourbe
Et les heures sont lourdes
Leurs ombres se sont posées
Sue ce papier sépia
Elles sont apaisées
Mais ne s’endorment pas
Une java, une danse
Des couples enlacés
L’orchestre recommence
Un refrain démodé
Je cherche des parents
Des visages retrouvés
Des traits qui me rappellent
Que je ne suis pas seul
Et les couleurs ont fui
Les joues de cette fille
Son teint est bien trop pâle
Pourtant elle fait envie
En vie, je me demande
Si aujourd’hui elle foule
Encore mais lentement
Le pavé d’une ville
Sur cette image ternie
Le bal semble arrêté
Pourtant les amoureux sont là
S’en fichent bien de moi
J’aime les photos muettes
Aux couleurs effacées
Ces scènes immobiles
Ces espaces étriqués
Mon vieux, dis moi mon vieux pourquoi
Quand toute vie s’efface
Elles semblent encore
Vivre d’un léger frimas.
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8. |
La valse du soleil
03:14
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LA VALSE DU SOLEIL
Certains érudits ont l'audace
De prétendre que le soleil
Ne serait rien d'autre qu'un astre
Dans son plus simple appareil
Mais le gens qui l'ont connu
De plus près qu'les astronomes
Certifient de leur vécu
Qu'c'était un sacré bonhomme
C'est vraiment un drôle d'être,
Disent ils
Aux humeurs rudes et changeantes
Qui ne souffre nul maître
Sauf Trenet quand il le chante
Mais ces dons d'ubiquité
Disent ils
Le rendent insaisissable
Qu'arrivent les jours d'été
Il s'allonge sur le sable
Mais à l'instant où il dore
La peau des tropéziennes
Il quitte les corridors
Des concierges parisiennes.
L'aura t on un jour chanté
Le calvaire des concierges
Chaque été abandonné
A leurs messes et à leurs cierges
Pense-t-on à leur détresse
Isolées des locataires
Se contentant de la presse
Comme occupation solitaire ?
Les savants les plus obscurs
En font un amas gazeux
Faut il ajouter l'injure
Au théorème douteux ?
Mais les gens qui l'ont connu
De plus près qu'les astronomes
Certifient de leur vécu
Qu'c'était un sacré bonhomme.
Il semblait froid et distant
Disent ils,
Aux hommes qui résidaient
Aux confins des déserts blancs
Du pôle Nord mais en fait
C'est un être chaleureux
Disent ils
Les assoiffés vous l'diront
Mais ce qu'il sait faire de mieux
C'est vrai qu'c'est d'tourner en rond
Autour de notre planète
Ou dans le fond d'un puits
Dans l'âme des poètes
Qui le noieront de leur ennui
L'aura-t-on un jour chantée
La valse triste du soleil
Qu'on ne sait plus rythmer
Aux batt'ments du sommeil
Quelqu'un verra-t-il seulement
Que sa valse s'est cassée
Quand on l'a tout simplement
Transformée en heure d'été ?
Ma chanson n'est pas finie
Mais j'crains d'n'avoir plus rien à dire
C'est moche de finir ainsi
(Mais) Parler encore ce serait pire
Alors permettez messieurs dames
Que sur cet air je vous quitte
Laissez donc couler vos larmes
Je vous chant'rai peut être la suite.
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9. |
Trente façons de partir
02:01
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TRENTE FACONS DE PARTIR.
Qu'on s'endorme qu'on passe le pas
Ou bien que l'on descende aux enfers
Qu'on passe de vie à trépas
Qu'on ferme les paupières
Qu'on périsse ou que l'on passe
Que l'on quitte cette vallée de larmes
Qu'on expire ou qu'on trépasse
Qu'on exhale notre âme
Finalement, finalement
Finalement
Que l'on avale sa chique
On aura sorti entrte quatre planches
Qu'on dessoude ou qu'on fasse couic
Qu'on clamse ou qu'on calanche.
Qu'on cane, qu'on fasse la nique
Que l'on ferme proprement son pébroc
Ou qu'on casse la pipe
On se rend chez les taupes.
Au bout du compte, au bout du compte
Au bout du compte.
Qu'on rejoigne Eurydice
Qu'on mang' les pissenlits par la racine
Qu'on traverse le styx
On clabote in fine
Qu'on trépasse ou que l'on clamse
On devra toujours rendre les clés
Qu'on calanche ou qu'on y passe
On peut encore s'aimer
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10. |
Monsieur
03:48
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MONSIEUR.
La vie d'monsieur tournait bien rond
Comme un moteur de cinq chevaux
Pas un raté, pas un cahot
La vie, monsieur, çà tourne rond.
monsieur, monsieur était notaire
"Presque..." disait il "Enfin...stagiaire"
Heureusement pas un arrivé
Disons plutôt...un héritier.
Mais dans le fond Monsieur Lebon
Etait surtout, surtout bien con
Pas un p'tit con, non, ni un grand con
Simplement con.
Monsieur, monsieur était sociable
N'aimant rien tant qu'offrir sa table
A des convives appréciés
Amis triés sur le volet.
Des avocats et des médecins
Des dentistes ou des pharmaciens
Faisant les beaux, tenant salon
Ce petit monde tournait en rond.
Et dans le fond monsieur Lebon
Etait surtout, surtout bien con
Pas un sale con, ni un pauv' con
Simplement con.
Monsieur, monsieur avait des airs
Des opinions, des certitudes
Des coups de gueule, des attitudes
Qui, pensait il, devraient plaire.
Ses réparties avaient le style
Des vérités qui s' portent bien
On a rien sans rien rappelait il
Comme disent les pauvres qui n'ont rien.
Et dans le fond monsieur Lebon
Etait surtout, surtout bien con
Pas un vieux con, ni un jeune con
Simplement con.
Il avait des rêves raisonnables
Pas de ceux qu'il aurait perdus
Une maison au pied d'un érable
Couverte de lierres et d'plus-value.
Une femme aimée dans la cuisine
Un grand salon et une piscine
Pas pour lui qui n’aime pas nager
Pour ses amis à épater.
Et dans le fond monsieur Lebon
Etait surtout, surtout bien con
Pas méchant con, non, un vrai con
Simpl'ment con.
Un gentil con, de ces personnes
Qui t' marchent dessus sans s'en rendre compte
Sans être méchant, Dieu leur pardonne
Sans être méchant, simplement con.
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11. |
Les moments
03:01
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LES MOMENTS
Tant de temps à perdre
Nous avons tant de temps à perdre
Me dit-elle,
Jusqu'à nos cheveux blancs
Nos pommettes flétries
Jusqu'à nos promenades
Trop brèves et interminables
De petit père, de petite mère
Qu'on s'aime tellement
Qu'on s'aime depuis longtemps
Qu'allons nous faire
De toutes nos années
De tous nos temps passés
A nous regarder
Grandir, flétrir, faner
Qu'allons nous dire
Que pourrons nous raconter
Pour encore nous étonner?
Comment vais je rire
De tes plaisanteries?
Comment pourrai je dire
Que tu restes trop le même
Comment vais je te reprocher
De ne pas changer
Et d'être si différent?
Qu'allons nous faire
Qu'allons nous dire
Au creux de nos ennuis
Dans nos silences quotidiens?
Mon petit père
La petit'mère
Au creux de nos mains
Trop d'années à passer
Comme l'écume vague
D'une vague que l'on perd
A l'encontre du sable.
Nous échouerons
Oubliés de tous
Au bout de nos années
Sur un lit blanc (de l'asile)
Et nous aurons eu si peu
Si peu à nous dire
Juste que c'est dur
Tout seuls comme deux enfants
Devant une grande porte
Qui, doucement, s'ouvrira
Pour nous laisser nous perdre
Dans une nuit trop froide.
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12. |
Le verbe de la langue
03:53
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LE VERBE DE LA LANGUE
Ils croient parler d'amour
En parlant de leur langue
Ceux là sont ils faits pour
Une langue qui tangue ?
Et tant qu'on croit avoir
Du verbe plein la bouche
Alors qu'on le laisse choir
C'est alors qu'on se couche.
On dit qu'on les chérit
Ces mots qu'on s'approprie
L'aimer, la belle histoire
Leur langue n'est que mémoire.
Un babillement, bien sûr,
Bien sûr, qu'on peut l'aimer
Un mot çà a l'allure
D'un enfant désiré
D'un enfant qui peut dire
Ce que l'on doit cacher
Tant pis si çà vous vexe
Qu'on t'aime sans complexe
Qu'on t'aime sans choisir,
Sans même y réfléchir
C'est l'enfant qui le dit
Pas les mots qu'il choisit.
Un bégaiement peut être
Je crois qu'on peut l'aimer
Quand le verbe est cassé
On a les mots qui restent
Plantés au bord des lèvres
Et accrochés au cœur
Et les mots qui s'énervent
De n' pouvoir dire "je t'aime"
Et ces mêmes mots qui meurent
De n'avoir su quand même.
Mais il faut pour aimer
Une langue blessée (mutilée).
Peut être le silence,
Le verbe des muets
Sont des mots dont l'aisance
Ne peut qu'être cachée
Car dépassant leur chute
Ils n'ont pas trouvé corps
D'un verbe qu'on éructe
Qu'on lache sans remords
En extirpant leur sève
Ils sont les mots qu'on rêve.
Notre langue est bavarde
Ce (Elle) n'est que mots qu'on farde.
Une langue çà n'est rien
Sinon ce qu'on en fait
Un argot de vaurien
Peut être un à peu près
Une langue d'amour
Une langue de bois
Une langue de vautour
Une langue qu'on aboie
Mais une langue au fond
Cà n'a pas de génie
Et çà n'a que l'esprit
Des hommes qui la font.
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13. |
Le pouète
02:57
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LE POUETE
Un poète endeuillé sur le tard d’une vie
D’une vie occupée à vouloir suivre les traces
Des douze pieds de poème dont la marche alourdie
Semblait à son avis être un hymne à la grâce.
Eut l’idée saugrenue de lire réellement
L’accumulation de signes couchés sur le papier
Qu’en vanité insigne depuis près de trente ans
A Rimbaud ou Delisle aimait à comparer
Et pour la première fois depuis bien des années
D’un œil vraiment critique il consulta sa prose
Les octosyllabiques, les quatrains, les tercets
En ces termes à peu près analysa la chose
« Bon Dieu à quoi çà rime de faire sonner ces rimes
Pourquoi s’casser les pieds à recompter les pieds
De mes alexandrins charmer Alexandra
Qui a en aversion mes vers et mes sonnets ? »
Mais j’ai perdu un vers et la rime est bancale
Dans la strophe éprouvée qu’on peut lire ci-dessus
Et qui, finalement, ne sonne pas si mal
Alors pourquoi passer sont temps à se casser la tête ? »
Pourquoi les enfermer dans la cage dorée
Des alexandrins, mes pensées
Si on peut les écrire
Comme elles veulent bien venir ? »
« Faire les pensées lires et les faire légères
Voilà l’important se dit le poète
Et si le rythme n’est pas là, si le claquement de la dernière syllabe manque
Qu’importe si le charme reste ?
« J’vas donc casser les pieds
De mes vers versifiés
Transformer leur rythmique en dodécaphonique
En arythmique, en répétitif ou en minimal
D’abord pourquoi douze pieds et pas huit et pas six
Quand on a que dix doigts
Et qu’il faut utiliser deux fois ses mains
Pour faire le poète – pour faire le poète.
Et j’vas casser les mots
Et y mettr’ la syntaxe
Cul, par-dessus tête
Et dire un peu c’qu j’veux
Dans l’ordre que j’veux
Cul par-dessus tête – cul par dessus-tête.
Toute la nuit
Il noircit bien des pages
De mots, de phrases et de cris
En un désordre créant de fulgurantes images –
Au bout de dix-sept heures d’hystérie scripturale
De ses calligraphies, il souleva la tête
Et eut la certitude, absolue, indéniable
De pouvoir dire avoir enfin été poète.
Mais tout ce qui était fulgurant et génial
N’apparaissait que trop tristement banal
Hermétique au mieux mais trop souvent abscons
Ou bien inconsistant ou alors franchement con
Le veux poète alors reprit sa vieille plume
Et étirant ses doigts lui servant de boulier
Enuméra les pieds pour sauver de la brume
Quelques uns de ces mots
Perdus sur le papier – perdus sur le papier
Et les prenant à part, il leur dit doucement
C’est vrai que j’ai eu tort durant ces longues années
De ne pas vous laisser tranquilles un seul moment
Aujourd’hui, vous êtes libres , c’est juré.
Mais, attention, en liberté surveillée.
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14. |
Les départs (reprise)
06:02
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LES DEPARTS
Les rêves de l’enfance s’amorcent au fond des gares
Des rêves que l’on sème et l’on aime les départs
On se sent fort et on a des relents d’aventure
Tenaillant la poitrine, des étoiles qui murmurent
Et ces tenailles qui serrent et nous figent comme un verrou
On reste coincés là pourtant on rêve un peu à nous
Rêver ces soirs d’été qu’on abordera d’autres rives
Qu’on quitte cette rue et cette putain de locomotive
Refrain
Et la gare de Saint-Pierre crie comme toutes les gares
Le fer s’y entrechoque, les trains sont au départ
Embarquent les adieux comme des navires bancals
Bousculés par les ballasts, les rêves bringuebalent
La vie qu’on s’était faite aux bornes de l’enfance
Et c’est ces putains de rêves qui partent en vacances
La vie qu’on s’était faite aux bornes de l’enfance
Et c’est ces putains de rêves qui partent en vacances
Dans le hall de la gare, ils s’apprêtent à dire leur départ
Leurs adieux se chuchotent, emplissent les couloirs
“D’au revoir”, “A jamais”, “Reste!”, “On se reverra bientôt”
“Si on se quitte encore, on se quitte une fois de trop”.
Elles sont pleines d’adieux, de regrets, d’oublis, de refus,
Dans les gares s’entassent les traits de ceux qu’on a perdus
D’amours qui se brisent, et d’amants qui se taillent
De parents qui se perdent mais aussi de retrouvailles
Refrain
Et la gare de Saint-Pierre crie comme toutes les gares
Le fer s’y entrechoque, les trains sont au départ
Embarquent les adieux comme des navires bancals
Bousculés par les ballasts, les rêves bringuebalent
La passion qu’on s’était faite dans notre adolescence
Et c’est ce putain d’amour qui s’en va en vacances
La passion qu’on s’était faite dans notre adolescence
Et c’est ce putain d’amour qui s’en va en vacances
Elles sont parfois silencieuses et sont presque désertées
Les gares (Elles)sont des refuges que les nuits ont oubliées
Et ceux qui n’attendent rien ont l’air d’attendre quelqu’un
Ils se sont arrêtés sur le bord du chemin.
Ne regardant même plus les trains qui partent sans eux
Ne regardant même plus les jours qui s’écoulent sans eux
Leurs rêves d’enfants clapotent, leur passé est sur son départ
Leur avenir s’encastre, se brise sur les miroirs
Refrain
De la gare de Saint-Pierre qui crie comme toutes les gares
D’Angoulême à Saint-Nazaire, les trains sont sur leur départ
Embarquent les adieux comme des navires bancals
Bousculés par les ballasts, les rêves bringuebalent
Des bribes d’existence et des morceaux de souffrance
Et des espoirs d’enfant qui ne partent pas en vacances
Des bribes d’existence et des morceaux de souffrance
Et des espoirs d’enfant qui ne partent pas en vacances
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15. |
Le monstre dela plage
04:15
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LE MONSTRE DE LA PLAGE
J'suis gamin !
La preuve !
Avec mon bob et mon râteau
Avec ma pelle et mon journal
On ne me trouve pas normal
Et on me dit carrément sot.
Avec mon seau rempli de sable
Pour faire les tours des châteaux
On m'a dit qu'ils n'égaient pas beaux
C'est vrai qu'ils sont un peu minables.
Vous voyez !
J’suis gamin !
Refrain
On m’appelle le taré de la plage
On me traite de rigolo
J’suis stylé !
La preuve !
Avec mes tongues couvertes d’algue
Et mes lunettes en peau de croco
Ma chemise et mon paréo
Je m’en vais affronter les vagues
Parfois je lance des « Gutten Tag »
A des touristes rococo
Qui parcourent la route à vélo
Mais ils n’apprécient epas ma blague
Vous voyez !
J’suis stylé !
Refrain
On m’appelle le taré de la plage
On me traite de rigolo
J’suis galant !
La preuve !
J’aime les femmes qui bronzent à plat
Qui cuisent comme des tournedos
J’leur met de la crème sur le dos
Même si elles ne le demandent pas
En général elles n’aiment pas
Et elles rameutent leurs julots
Ils m’attrapent par le tricot
Mais si j’me lève, ils font ptits bras
Vous voyez !
J’suis galant !
Refrain
On m’appelle le taré de la plage
On me traite de rigolo
J’suis joueur !
La preuve !
J’aime renverser les planches à voile
Faire tomber les planchistes à l’eau
J’aime bien retirer leur maillot
Pour les voir ressortir à poil.
Comme j’aime jouer au squale
Je pousse très fort les pédalos
Les gens paniquent, j’en fais pas trop
Je m’arrête juste après le fanal
Vous voyez !
J’suis joueur !
Refrain
On m’appelle le taré de la plage
On me traite de rigolo
J’suis sportif !
La preuve !
J’adore les gars qui font la gym
Qui cultivent leurs biscoteaux
J’agite les bras, j’fais l’ventilo
Ils devraient aimer, çà fait la clim
Des fois ils disent « j’vais faire un crime »
Ils me font des prises de judo
C’est là qu’ils voient qu’si mes kilos
Sont là çà n’est pas pour la frime
Vous voyez !
J’suis sportif !
Refrain
On m’appelle le taré de la plage
On me traite de rigolo
J’suis serviable !
La preuve !
Cà, nager loin, je sais le faire
Souvent même j’aide les monos
A leur ramener les marmots
Des fois, j’me trompe, j’ramène leur mère
La fin d’la journée, c’est c’que j’préfère
Parce que c’est l’heure de l’apéro
C’est l’heure où on sort les journaux
C’est l’heure où je fous tout par terre
Vous voyez !
J’suis serviable !
Refrain
On m’appelle le taré de la plage
On me traite de rigolo
J’suis aimé !
La preuve !
Y a que les gosses qui m’acceptent
Surtout les tout petiots loupiots
Avec ma gueule de vieux poulbot
C’est bien les seuls qui me respectent
Parfois ils me crient « Hé, la bête ! »
Ils trouvent cela très rigolo
Quand je parle ils disent que j’ai tout faux
C’est pour çà qu’ils m’appellent « p’tite tête »
Vous voyez !
J’suis aimé !
On m’appelle le monstre de la plage
Parce que j’fais chier le populo
Je sais bien que c’est pas très beau
Mais comment faire pour qu’à mon âge
On s'intéresse à mes vieux os?
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16. |
Maturité
01:57
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MATURITE.
Lente tristesse des étés mornes
De blés fourragés
de cuisses abondantes
Lourdeur du temps presque arrêté
Avant sa bascule
Brutale
Fatale
Lassitude grise des reins épais
Du plomb dans les lombes
Poitrail alourdi
Des chênes encore immobiles
Gorgés de sève
Gorgés de la sève
Trop épaisse
D'avant la finitude.
Lente caresse des étés mûrs.
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