1. |
Les ailes trop courtes
03:31
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LES AILES TROP COURTES
J’ai les ailes trop courtes pour pouvoir m’envoler
Elles sont tout juste bonnes pour partir à la nage
Et faudrait que j’te r’garde, mon salaud, décoller
Sale oiseau migrateur, tutoyer les nuages
Moi, je me gèle les pieds et le fond du cal’çon
Collé sur la banquise, çà me met en fureur
Quand je te vois partir et rejoindre l’horizon
(mais) mes ailes sont trop courtes pour t’faire un bras d’honneur.
Refrain
On se trompe toujours de nom
Moi c’est le manchot
Le pingouin, c’est l’autre con
Enfin moins con que moi
Car il s’en va au chaud
Alors que moi
Dans ce pays malsain
Je reste le bec dans l’eau.
Parfois, tu t’en vas quand le climat tourne à l’aigre
Tu rejoins le soleil de pays merveilleux
Quand moi je reste là, car moi je suis intègre
Je ne fuis pas mon pays, je suis fidèle pour deux
Pourtant, on peut le dire, partout sont nos semblables
Qui sait s’il n’y en a pas dans ces pays lointains
Ces pays sans banquises et ces pays de sable
Mais j’ai les ailes trop courtes pour leur tendre la main
Refrain
On se trompe toujours de nom
Moi c’est le manchot
Le pingouin, c’est l’autre con
Enfin moins con que moi
Car il s’en va au chaud
Alors que moi
Dans ce pays malsain
Je reste le bec dans l’eau.
Et à défaut, j’y reste, les deux pieds dans la glace
Et je prétends l’aimer, cette terre qui me tient
Contre mauvaise fortune, je n’fais pas la grimace
Je n’crie pas au bonheur mais je n’en pense pas moins.
Je m’emmerde, faut le dire, dans ce blanc éternel
J’ai beau faire le beau Serge, jouer l’indifférent
Faire celui qui s’en fout, celui qui s’en bat l’aile
Mais mon aile est trop courte pour m’en battre les flancs.
Refrain
On se trompe toujours de nom
Moi c’est le manchot
Le pingouin, c’est l’autre con
Enfin moins con que moi
Car il s’en va au chaud
Alors que moi
Dans ce pays malsain
Je reste le bec dans l’eau.
Quand le printemps revient, c’est l’aurore qui s’approche
Qui réveille l’amour dans notre grande famille
Alors on se prélasse, on s’étire sur la roche
On se dore, pour un peu, on quitterait nos guenilles.
On sait ben que l’Eden ne sera qu’éphémère
Qu’avec l’hiver bientôt reviendront nos tourments
On l’attend avec crainte, on s’rapproche, on se serre
Mais nos ailes sont trop courtes pour s’enlacer vraiment
Refrain
On se trompe toujours de nom
Moi c’est le manchot
Le pingouin, c’est l’autre con
Enfin moins con que moi
Car il s’en va au chaud
Alors que moi
Dans ce pays malsain
Je reste le bec dans l’eau.
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2. |
L'étoffe d'aures
02:43
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L’ETOFFE D’AURES
Mon Dieu, au bord du quai
Du train, au bord des lèvres,
Je m’agrippais encore
A ton écharpe dans l’envol
Accrochée à ton col
Comme une étoffe d’aures
Toi tu avais la fièvre des voyages
Et tu t’en allais .
En ce temps de l’escale
Ton départ annoncé
Par ce vieux haut-parleur
Usé, mesquin et insensible
Qui se fout, c’est visible,
De ce qu’est ma stupeur
Et mes peurs amassées
J’aimerais que tu me parles.
Refrain
Les aures sont des vents
Aujourd’hui oubliés
Mais ils ont caressé
Ton visage en leur temps.
Mon Dieu, je m’accrochais
Ton corps déjà parti
Sans même un au revoir
Il fallait que je te dise
Dépassant ma surprise
La douleur exhalait
Tes yeux en mon mouroir
J’étais encore à leur merci.
Nos souvenirs communs
Tu n’en faisant plus guère
Que le terreau minable
De photos au fond d’un placard
Où même le hasard
Innocemment accable
Comme la sablière du temps,
Nos amours de gamins
Refrain
Les aures sont des vents
Aujourd’hui oubliés
Mais ils ont caressé
Ton visage en leur temps.
Si tu pouvais laisser,
Lâcher ton devenir
Malgré tous ces efforts
Choisir de rester avec moi
Moi qui suis aux abois
Malgré tous mes remords
Je n’ai rien à t’offrir
Rien à promettre, rien à tenter
Ici, il n’y a rien
Malgré tous les déboires
Et tous ces jours qui crèvent
Admire donc comme ils sont laids.
Mon Dieu, au bord du quai
Du train, au bord des lèvres
Tu me dis au revoir
J’attends que tu descendes ,
En vain.
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3. |
Fumeur invétéré
03:30
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FUMEUR INVETERE
A dix-huit ans, tu consumais
Bien tes vingt cibiches par jour
A trente ans tu avais fait l’tour
De c’qui s’prisait ou se fumait
Des gauloises bleues qui encrassèrent
Ta gorge avec tant de bonheur
Aux blondes prétendues légères
Qui ont fait palpiter ton cœur
T’avais les doigts jaunes et la toux
Un teint de cachet d’aspirine
A côtoyer la nicotine
Le cigare et le tabac roux
Mais je dois bien le reconnaître
Ces tiges, ces clopes avaient un rire
Et un charme que les (bien des) poètes
N’auraient jamais su bien décrire
Et tu m’disais pourquoi faire gaffe ?
Puisque ce gris ou cette taffe
Si un jour il doit m’emporter
C’est moi qui l’aurait décidé.
A cinquante ans, t’es abstinent
Je dirais même t’es obstiné
Le tabac faut plus t’en parler
On croirait pas qu’t’as vécu d’dans
Alors même que, rappelle-toi,
Bien trop souvent, j’avais le droit
Avec un soupçon de mépris
Que tu m’appelles « Fume-petit »
Tout çà parce que je voulais pas
En griller une tous les jours
Mais seulement après un repas
Après une fête, après l’amour
Voilà maintenant que tu m’expliques
En long en large, mais pas trop vite
Avec des exemples bien pesés
Comme si j’étais un demeuré.
Que j’ai vraiment tort de fumer
Que je n’ai aucune volonté
Et puis que tu pourrais m’aider
Parce que toi, t’y es passé.
Parce que t’as cessé de fumer
Tu te prends pour un vrai vainqueur
Mais tu vois pas qu’il faut lutter
De nos jours pour rester fumeur
Et je suis sûr mon vieux complice
Que des vices qu’il faut rejeter
T’en as encore une pleine pelletée
Vas y curé, fais ton office
J’attends la suite sans impatience
Que vas tu encore condamner ?
Que faut il encore refuser
Pour pouvoir garder ta confiance ?
J’attends que tu viennes m’expliquer
Toi vieux poivrôt d’vant l’éternel
Que l’alcool nous coupe les ailes
Que l’eau c’est bon pour la santé
J’attends que tu viennes m’expliquer
J’te vois venir vieux séducteur
Toi qui as brisé plus d’un cœur
Que seule compte la fidélité
Mais jusqu’où veux tu donc aller
Pour prétendre me purifier
M’accordes tu encore le droit
De m’empiffrer de chocolat ?
Tu sais bien que j’n’aime que toi
Mon poteau, mais j’voudrais pas t’blesser
Je suis forcé de te rappeler
Que quand t’es raide comme la Loi
Qu’t’aimes plus le tabac, qu’t’aimes plus baiser
Qu’t’aimes plus boire ni faire d’excès
T’adores quand même me rappeler
Que je suis complètement vicié.
Vas y curé, fais ton office
Mais tu sais, tu n’as pas changé
Tu as toujours le même vice
C’est toujours le même péché
Depuis trente ans,…tu me fais chier !
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4. |
Les petits amoureux
03:18
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LES PETITS AMOUREUX.
Ces petits amoureux qui dansent sur mes chansons
J’leur ai pas dit d’venir s’bécoter sans façons
Moi j’aurais préféré qu’ils écoutent mes vers
Une chanson çà s’fredonne, çà n’est qu’un petit air
Dites, si vous voles, qu’c’est une chanson d’amour
Mais c’est vous qui le dites, moi j’suis pas vraiment pour
L’amour moi j’aime pas çà, l’amour çà rend idiot
Et çà r’passe pas les plats, çà fout l’cœur à zéro.
Et si deux enfants s’aiment sur un air de musette
On le prétend aveugle comme l’a dit le poète
Mais si pour eux deux rimes sont des preuves d’amour
Plutôt qu’aveugle, j’dirais que cet amour est sourd
Ils choisissent une chanson au hasard d’un baiser
Et ils lui donnent à vivre toute une éternité
L’amour moi j’aime pas çà, l’amour çà rend idiot
Et çà r’passe pas les plats, çà fout l’cœur à zéro.
Et quand je vois deux vieux qui essuient une larme
Sur ma vieille chanson, alors je rends les armes
Je peux pas leur crier « Mais ma chanson est con !
Cà vaut pas l’coup d’pleurer de se foutre le bourdon
Pour trois rimes écrites un jour que j’étais trop saoul
Au comptoir du café, à la cabane Bambou
L’amour moi j’aime pas çà, l’amour çà rend idiot
Et çà r’passe pas les plats, çà fout l’cœur à zéro.
Parfois sur leur vieille chaîne, ils ont mis ma chanson
Alors ils dansent seuls au milieu du salon
Leurs enfants les regardent et se frappent la tête
Eux entendent bien que ma chanson est trop bête.
Mais puisqu’on leur a dit que c’est une belle histoire
Les petiots sont sympas et font semblant d’y croire
Mais l’amour, ils aiment pas çà, ils savent qu’çà rend idiot
La suite ils connaissent pas, ils sauront assez tôt.
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5. |
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J'AI PAS FAIT EXPRES DE PARTIR.
T'as beau me regarder et sourire
Tu sais bien que je vais partir
T'as beau dire, tu le sais, au fond
Qu'on n'peut avoir la prétention
De bâtir une vie sans avenir
Sur des aveux et des souvenirs
On a peu de temps devant nous
Il faut peut êtr' mettr' les bouts.
On s'aime assez pour se lacher
Pour arrêter de se garder
Tiens je te donne mon collier
Et je te rends ta liberté
"Qu'est ce que je vais faire ?" T'as murmuré
Paralysée dans l'escalier
Et tu m'as regardé partir
T'as eu l'impression de mourir.
J'avais rangé mes chemises
Dans une valise fatiguée
Rappelle toi on l'avait acheté
Je t'en avais fait la surprise
Pour ce voyage en amoureux
On se connaissait depuis peu
Pour une semaine à La Rochelle
Coincés dans une chambre d' hôtel.
"Pars pas! Ne pars pas!" Tu m'as dit
"La table est mise pour ce midi
Je t'ai fait ton plat préféré
J'ai plus que çà pour te garder"
"Pars pas! Ne pars pas!" C'est encore
Ces paroles qui se promènent
Toutes les nuits quand je dors
Pourtant çà fait bien des semaines.
Je t'écris çà, pourtant ma vieille
On s'était encore vus hier
Pardonne moi j'avais sommeil
Et j'ai pas su être bon compère
Mais l'infirmière était passée
Pour distribuer les cachets
Ca m'assomme toujours un peu
Mais tu sais que je me fais vieux.
C'est bien de te voir tous les jours
Mêm' si ce n'est qu'un petit tour
J'aimerais que tu puisses rester
Un peu plus que la journée
mais tu sais qu'il n'y a pas de place
Ici, y'a trop de vieux dégueulasses
On garde que les grabataires
(Je sais) çà fait un peu cache-misère.
Tu sais c'que l'docteur a dit
Je pourrais plus partir d'ici
J'perds les pédales, j'sais plus rien faire
Et t'es trop vieille pour être ma mère
Ici on s'occupe bien de moi
Et même si je m'ennuie de toi
T'as beau me regarder et sourire
Tu sais bien que je dois partir.
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6. |
La maitresse
03:05
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LA MAITRESSE
En son œil en tout point élément redoutable
On voyait un désir, un appel discernable
Une louve amoureuse aux morsures désirables
Elle fixait son amant freluquet trop aimable
En son œil en tout point semblable à vous et moi
En son sexe attirant, des amants ligotés
Appelaient au secours en cherchant une coursive
Et voulant prévenir le nouvel être aimé
Soulevaient le bassin de la louve lascive
En une pose érotique , violent et doux émoi.
En ses mains, étreignant votre peau de ses doigts
Il y avait des années de caresses oubliées
Des parfums de l’encens, de l’ambre et de la soie
Il y avait des charniers d’amoureux délaissés
En ces derniers instants ils étaient douze et moi.
En sa bouche, il y avait quelque chose d’odieux
Cette envie de faire croire qu’elle pouvait vous aimer
Des fantasmes , des mensonges passant pour un aveu
Alors que l’on était tout au plus désiré
Quand du bout des lèvres elle vous murmure « touchez moi ! »
Quand elle flatte votre corps, votre cœur et le reste
Qu’elle compare vos yeux à ceux d’anciens amants
Qu’au paddock, elle vous jauge, elle vous juge et vous teste
Et vous note et vous classe, vous attribue un rang
J’ai idée qu’en amour elle impose sa loi
Quand elle quitte son amant et le laisse désolé
Elle s’efface sans l’amour d’une quelconque maîtresse
Elle s’enfuit, dérobant votre cœur déchiré
Elle s’en va mais vous tient pour toujours à sa laisse
Et vous seul, elle vous laisse face à un doux effroi
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7. |
Anatomie pathologique
02:03
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ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Il avait des
Des yeux pour voir
Il n'a pas su
Su regarder
Il avait une
Bouche pour parler
Il n'a pas su
Pas su crier
Il avait des
Jambes pour marcher
Il n'a pas su
Pas su s'enfuir
Et des oreilles
Pour écouter
Il n'a pas su
Pas su entendre
Et à ceux qu'il
Qu’il méprisait
Il avait une
Langue à tirer
Et à ceux qu'il
Qu’il méprisait
Alors, un jour
Il s'est pendu.
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8. |
Williamà Paris
02:16
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WILLIAM A PARIS
“My kingdom for a horse”
C’est dit en bon anglais
Et puis c’est dit en force
Mais il ne vint jamais
Ce sacré canasson
Avait autre chose à faire
Qu’affronter le canon
Muni de ses quatre fers
Ah qu’as tu fait William
A ce pauvre Richard III ?
T’as misé sur une carne
Et t’as tué ton roi.
T’aurais été à Paris
J’t’aurais pas conseillé
De tuer ton ennui
En jouant au tiercé
T’aurais été à Auteuil
T’aurais pas vu mon fric
Ni même mon portefeuille
Quand j’vois tes pronostics.
« To be or not to be »
Nous répétait Hamlet
Mais c’était d’un ennui
Qui nous prenait la tête
Mais c’était pas la sienne
Qu’il tenait dans sa main
Toi t’en a fait une scène
C’était pas très malin
Ah qu’as tu fait William ?
Un mec qui fait la tête
Faut pas faire un drame
Même si t’étais poète
Tu serais à Paris
Tu aurais fait la bombe
Cà çà fait pas un pli
Au bal des catacombes
Et pour un souvenir
Sûr que t’aurais piqué
Le crâne du roi Lear
Pour faire un cendrier
Juliette et Roméo
Etaient deux beaux salauds
Juliette était un mec
Roméo un saligaud
Ils s’en allaient tous deux
Hanter les caniveaux
S’embrasser sous les cieux
Et c’était pas bien beau
Ah qu’as tu fait William ?
Tu nous as bourré le mou
T’aurais été à Paname
T’aurais été un voyou
Veux tu que je te dise ?
T’aurais été un escroc
Tu s’rais mort à Venise
Sous quelques coups de couteaux
Et personne n’aurait vu
Grand Dieu, ta mort venir
Seuls tes copains déçus
Diraient :
«Tiens, c’est William qu’expire ! »
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