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Ars​è​ne et les gueuses

by Thierry Rogel

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1.
Arsène 03:30
ARSENE Ca fait bien des années qu'il n'avait pas parlé Vu que ça fait longtemps qu'il ne voit plus personne Pauvr' Arsene et tout ça parcequ'il avait aimé Dans sa jeunesse deux femmes, une diablesse et une nonne. Pour la première fois il avait tout juste 16 ans Pauvr'Arsene il créchait une piaule rue Meusan En rentrant du lycée un pote lui avait dit "Viens donc je vais te présenter une sacrée souris". Une sacrée souris faut admettre qu'elle l'était Et si c'est pas un viol, çà l'était à peu près Pauvr'Arsène n'eut pas le temps de se défiler La souris l'alpagua et le mit à ses pieds. V'là Arsène amoureux ou il crut qu'il l'était Difficile de décider quand on ne mène pas la barque Car la diablesse en somme sut bien l'ensorceler Le mena par le bout du nez, d'amour en paires de claques. Au bout de quelques mois de ce semblant d'orgie Arsène en apprit plus qu'un amant dégourdi Mais il perdit surtout de son bel amour propre, Ne voyant plus la vie que par sa belle salope. Puis comme vous vous doutez, la fin fut bien pire La diablesse s'en fut un matin sans rien dire Laissant le pauvr'Arsène ébaubi et cocu Jurant mais un peu tard qu'on ne l'y prendrait plus. Qu'on ne l'y prendrait plus, beau serment je t'en fiche Tous les coeurs délaissés ne sont en fait qu'en friches Je suis sûr mon ami qu'une si banale histoire Tu l'as tant jouée que tu la sais de mémoire. Enfin trois mois après il rencontre l'âme soeur Une fleur fermée aux accents de douceur La fillette était vierge, demoiselle si pure Une nonne, une sainte, aux sentiments si sûrs. Voilà l'Arsène si fier, aimant à se montrer Une belle à son cou, jolie à s'en damner Elle était amoureuse, certes, mais dans la tradition C'est dire si l'Arsène dut freiner sa passion. Arsène voulut en faire autre chose qu'une sainte Qu'enfin ses cours du soir servent à ses étreintes Sa dulcinée était vraiment mauvaise élève Elle ne fut sa maîtresse qu'aux confins de ses rêves. Et cette pruderie parceque prétend elle Il n'y a pire tromperie que cet amour charnel Cette idée saugrenue lui vint du Nouveau-Monde Où la mode parait il est d'être pudibonde. Ajoutons à cela qu'elle a peur de l'amour Et de ces maladies qui ne sont pas de coeur Vous comprendrez alors qu'Arsène eut vite fait le tour De cet amour raté qui fut d'abord un leurre. Et puisque, dit il, je ne peux espérer trouver mieux Mieux qu'une Aphrodite qui me viole sur mon pieu Ou qu'une sainte Nitouche qui me laisse sur ma faim Je f'rais mieux de quitter ce monde trop humain. Cà fait bien des années qu'Arsène vit heureux Sans filles, sans amis mais des rêves pleins les yeux Et çà fait des années qu'Arsène ne parle plus Sinon quand il marmonne parfois au coin des rues. Et çà fait des années qu'Arsène ce vieil idiot Regrette en pleurnichant, en essuyant de la main Le rebord de ses yeux, le coin de son manteau Qu'il a maint'nant si sale qu'il n'attend plus demain. Arsène ce vieux poteau est tout compte fait heureux Mais le compte est vite fait le bilan c'est zéro Zéro c'est pas si mal se dit Arsène péteux Si j'm'étais marié j' s'rais p'têtr' moins que zéro. Cà c'est Arsène craché, il s'console comme il peut Il peut faire une scène il s'en portera mieux Mais çà ne change rien au fait qu'il est tout seul Et qu'il n'a plus personne pour aimer sa p'tite gueule
2.
UN AMI DE PASSAGE Je lui avais offert la gîte et le couvert Une place dans le salon près du feu qui crépite Un peu de calme après bien des années de fuite Un morceau de ma vie indolente et pépère Il m'avait tout rendu sous forme d'affection A moi qui suis vieil ours et sans ma permission Et j'avais beau lui dire que j'étais qu'un vieux con Il ne semblait guère partager mon opinion. Que ce chien était laid et mon dieu qu'il puait Toute la boue des fossés semblait s'être incrustée A ce vieux poil terni qui servait de pelage Et qui lui donnait l'air de sortir d'un naufrage. Faut dire ;pour sa défense qu'on faisait bien la paire Je n'étais pas beaucoup plus propre ni attirant Ma liquette élimée cachée sous mon imper Et sa pelisse donnait un spectacle affligeant. On nous faisait sentir que c'était pas que des broutilles Ces matins de dimanche où étaient de sortie Ces braves génitrices et ces mères de famille Qui regardaient de haut, monsieur, votre insoumis. Ah Dieu qu'ils étaient lourds ces regards de mépris Et dès lors qu'ils proviennent de ces braves cagots On se sent anobli à tel point qu'on se dit Qu'au fond on a raison d'avoir ce vieux cabot. A l'heure de l'apéro c'est lui qui m'emmenait moi qui avais juré de ne plus toucher un verre Et quand avec les potes on parlait de naguère On ne savait plus très bien qui de nous aboyait. Ce putain de cabot, j'peux dire que je ne l'aimais pas Mais il valait bien plus que n'importe quel bonhomme Que n'importe quel monsieur qui croit être ce qu'il n'est pas C'qu'il est j'dirai pas qu'c'est peu mais c'est tout comme Et philosophe en diable quand il ne pouvait pas Avoir ce qu'il voulait, il allait (s'faire) voir ailleurs Alors qu'on a encore vu tout à l'heure Un grand pas grand chose pleurer parce qu'on ne l'aimait pas.
3.
LE TEMPS AIDANT. Le temps aidant On tue son temps Tout le temps Et tant qu'on tente de l'oublier On tend A l'essaimer Il coule bien trop doucement Ses sables semblent trop mouvants Ce temps... s'englue de temps. On perd son temps A l'gaspiller On s'appauvrit En s'endettant De temps De temps en temps On perd son temps. Il coule bien trop doucement Ses sables semblent trop mouvants Ce temps... s'englue de temps. On trouv' son temps En l'essaimant On le trouve bien Un peu lent Plutôt qu'attendre On tue sontemps En s'aimant. Il coule bien trop doucement Ses sables semblent trop mouvants Ce temps... s'englue de temps. On perd son temps En tuant l'temps C'est con Mais c'est trop long De tuer l'temps A petit feu En vivant.
4.
GONZESS' ET GONZESS' Refrain : Gonzess et gonzess Sont dans unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est ce qu'il reste Qu'est c'qui rest'? Gonzess et gonzess Sont dans unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est c'qui rest' D'aussi beau ? Il reste un vieux gars Qui se sent bien tout seul Sait quoi faire de ses dix doigts Se bourre douc'ment la gueule Une bouteille de Bordeaux Une canne au fil de l'eau Un chien à ses côtés Qui se laisse caresser Il lui reste le soleil Et le ciel sur la tête Un peu plus de sommeil Des rêves qui font la fête Son chapeau sur le nez La pipe clouée qu bec Les chaussure délacées Bref, il reste un brave mec Refrain : Gonzess et gonzess Sont dns unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est ce qu'il reste Qu'est c'qui rest'? Gonzess et gonzess Sont dans unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est c'qui rest' D'aussi beau ? Il reste un courageux Qu' a largué d'un seul coup Avant qu'être trop vieux D'avoir la bride au cou Sa femme et sa maitresse Car il avait trop peur De retrouver son coeur Maintenu à deux laisses Un gars libre et perdu Et un peu angoissé De n'avoir aucun dû D'avoir le coeur libéré Car c'est un peu flippant De se retrouver seul De regagner vingt ans De se sentir plus jeune. Refrain : Gonzess et gonzess Sont dans unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est ce qu'il reste Qu'est c'qui rest'? Gonzess et gonzess Sont dans unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est c'qui rest' D'aussi beau ? A ses femme et maitresse Les deux fleurs de sa vie (Il) avait fait la promesse D'une balade dans le lit dans le lit de la Loire Sauv'gardons la morale Bien que dans cette histoire La fin soit peu banale Au bout de trois quart d'heure D'un sportif canotage L'homme vint aux abords D'un ultime rivage Guidé par le malin Leur dit : "Je crois qu'il faut Qu'on prenne un dernier bain" Dernier c'est bien le mot. Refrain : Gonzess et gonzess Sont dans un bateau Il fout les deux à l'eau Qu'est ce qu'il reste Qu'est c'qui rest'? Gonzess et gonzess Sont dans un bateau Il fout les deux à l'eau Qu'est c'qui rest' D'aussi beau ? C'est ainsi que l'ami Bel amant, bon mari Noya sans état d'âme Sa maîtresse et sa femme Et puis s'en repartit Guilleret et léger Vers son douillet logis Du côté de Saché Mais un homme prévoyant Aurait du se douter Qu'on ne peut pagayer Au rythme du vin blanc Aux abords de la ville Le fleuve s'est fâché Il se fit moins docile Notre ami s'est noyé. Refrain : Gonzess et gonzess Sont dans unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est ce qu'il reste Qu'est c'qui rest'? Gonzess et gonzess Sont dans unbateau Il fout les deux à l'eau Qu'est c'qui rest' D'aussi beau ? L'histoire n'est pas finie Car notre vagabond Toquant au Paradis N'en eut pas pour deux ronds "Pas de types comme toi" Lui envoya Saint-Pierre " Retourne sur tes pas Et va voir en Enfer." "Ton meurtre est amusant Mais le mobil' léger Ni passion ni argent Tu nous fais rigoler" Lui dit le diablotin A l'entrée de l'enfer Retourne d'où tu viens Y a de la place sur terre. Refrain : Gonzess et gonzess Sont au Paradis Et leut petit mari A les fesses sur terre Et on peut le voir Près de la rivière Occupé à boire En revenant pépèr
5.
Mon frère 02:33
MON FRERE. Quand on s'ra vieux mon frère Qu'on s'ra tout avachi Et que s'payer une bière Sera notre seul souci Et qu'on ira regarder Comment le ciel s'éclaire Quand le soleil se lève Dans nos matins d'hiver On aura une maison Accrochée à la roche Pendue à la falaise Face à l'immensité On aura les couleurs Du sable à marée basse Et le bruit des vagues Qui meurent à nos pieds. Les soirées seront longues Nos rêveries secrètes Et nos conversations Seront interminables La valse lancinante Du battant de l'horloge Se fera plus lente à Mesure qu'approche l'aurore Et on s'rappellera Qu'à l'heure on se pardonne Mais que dans nos vingt ans On s'était déchirés Pour une fausse vierge Une Lolita perverse Et qu'au fond on ne sait Pardonné qu'à moitié. On traînera nos heures Notre vieille carcasse Au plus haut des falaises Au travers de la lande On traînera nos cœurs Au bout de leur voyage Quand on n'a que le vide A serrer tendrement Et si au bout des âges L'un de nous deux s'abîme Si ses doigts se desserrent De la prise du temps Il aura, je l'espère, Que bien peu à attendre Pour qu'une ombre revienne Marcher à ses côtés. Et si au bout des âges L'un de nous deux s'abîme Si ses doigts se desserrent De la prise du temps Il aura, je l'espère, Que bien peu à attendre Pour qu'une ombre revienne Marcher à ses côtés
6.
J' AS RIEN COMPRIS Sam'di matin que j'm'emmerdais Comme un rat mort Que je trainais mes amertumes En solitaire J'avise un pote qui trottinait En grolles de sport "Gars tu vas attraper un rhume Faut pas courir en plein hiver". Mon pote s'arrête, un peu surpris Tout en sueur Il me regarde dans les yeux Prend ses grands airs Et me dit : "Gars, t'as pas compris Tu sais qu'à c't' heure Pour s'en soritr, il faut un peu De préparation militaire. Et il me dit "Viens donc mon gars Pour la Patrie Qui a besoin De types comme toi". J'y répondis " Tu sais je suis Trop lâche. La guerre pour moi C'est un grand jeu De vaches. Nos adversaires Je les aime pas Pourtant Laisse moi le temps D'avoir le temps (Laisse moi le temps D'avoir le temps) D'être un mourant Samedi soir que j'm'emmerdais D'vant ma télé Je décide de faire un tour Dans un baloche J'avise une grosse que j'emballais Sans hésiter Et j'y propose un peu d'amour Dans mon paddoche Au bord du lit j'amène à moi La demoiselle Et on s'esbigne et on s'esquinte Sur ma liquette Mais au moment de remettre çà La jeune donzelle Me dit : "T'as pas compris ma plainte C'que tu me fais c'est pas ma fête". J't'aim'rais moins doux T'es bien trop sage J't'aim'rais plus fou Comme j' imagine Les gars d'ton âge J'y répondis Tu sais au lit J'suis moi Un peu trop tendre J'peux pas prétendre Etre bas L'amour ensemble C'est quand on tremble Pas de froid Laiss'moi le temps D'avoir le temps (Laiss'moi le temps D'avoir le temps) D' être dégoutant. Dimanche après m', j'me baladais Dans la forêt Un p'tit oiseau vint se poser Sur mon épaule J'avise le piaf qui m'regardait D'un peu trop près J'dis : "Qu'est c't'as à m'regarder S'pèce de volaille, me trouves tu drôle?" A mon plus grand étonnement Il m'répondit Dans un français tell'ment parfait Qu'j'suis ébloui "Sachez monsieur qu'en ce moment C'est à Paris Que j'aimerais me retrouver Me serviriez vous de taxi?" "Vous me semblez Plutôt sympa Est c' trop d'mander De m'emmener A l'opéra?" J'y répondis T'as pas compris L'oiseau La ville c'est pas Ce que tu crois Si beau T'y s'rais livide Proche du suicide Palôt Laiss'moi le temps D'avoir le temps (Laiss' moi le temps D'avoir le temps) D'être un salaud. Lundi matin, j'emmerdais plus Dans le métro Fallait bosser-y'a rien de tel Pour s'occuper Comm' j'avais le regard perdu Sur quelques dos Je m'adresse à la clientèle : "Qu'attendez vous pour vous barrer?" Les zigs s'retournent et zieutant Ma dégaine Ils montrent les dents, ils ouvrent la bouche Et d'une seule voix M'expliquent alors le plus important Dans leur déveine "T'as pas compris qu'on met les pouces Morveux qu'on a baissé les bras". "Pour la bagnole Et la télé L'ordinateur Le compact-disc Faut travailler" J'ai froid dans l'dos Moi j'ai bien trop La flemme Ma vie est faite De petites fêtes et De week-ends J'ai la tête Pleine d'amour D'oiseaux Laissez moi l'temps D'avoir le temps (Laissez moi l'temps D'avoir le temps) D' être un héros.
7.
L’ENFANT CACHE (LA GRANDE HISTOIRE). On abandonne parfois un coin de sa mémoire On nous avait dit qu’il ne sert à rien d’y croire Deux ou trois ans perdus quand on était enfant Deux ou trois ans perdus, qu’est ce que c’est, maman? On nous enlève parfois des mots quotidiens Papa, maman, p’tit frère, des mots qui font du bien On nous a donné des mots pour les étrangers Des pépères, des mémères, la mémoire s’est couchée. Les grands avaient dit “Cache toi mon enfant!” (Et) on se cache toujours dans un coin de mémoire Là où on reste petit, craignant parfois le temps Comme on a peur du loup au fond de l’armoire. Les problèmes des grands étaient trop grands pour nous Les histoires des grands c’était de la grande histoire (Mais putain) on a perdu nos câlins, nos billes et nos joujoux C’est pour la Grande Histoire on nous l’a dit plus tard. Mon amour, pardonne moi ces années perdues Je les ai égarées, je ne peux les partager J’ai parfois des mots déplacés ou incongrus Mais des mots parfaits pour désigner ces années Vieillard passé, je ne sais que léguer Je ne sais que transmettre à l’enfant qui viendra Le petit-fils à naître héritant le passé Qui ne sait comment dire ce qui ne se dit pas.
8.
L'INDICIBLE EN MI Rappelle toi mon bonhomme On était comme trois pommes On tapait dans l'ballon Tu m'donnais des leçons Maintenant qu'on a grandi C'est un ballon de gris Qu'on s'tape fatigué Au comptoir du café Et on coursait les filles sur nos vélo-solex On touchait pas une bille Mais on était sans complexe Maint'nant on se croit grand Notre fille on l'a trouvée Mais au fond c'est moins marrant De se sentir casé Refrain : On s'essoufle un peu Oh! Mon vieil ami Tu fais c'que tu peux J'vois bien, et moi aussi Et quand on se quittait C'était pas pour longtemps L'apéro n'était jamais Pris séparément On f'sait des fêtes d'enfer On prenait notre pied Fumant des trucs pas clairs Tout'la sainte journée Maint'nant les gauloises filtre Et le picrate au litre Sont nos seuls interdits Du moins à ce qu'on dit Mais des fois y'a des soirs Où le verre de Bourgogne A des goûts d'au revoir De désir et de rogne Refrain : On s'essoufle un peu Oh! Mon vieil ami Tu fais c'que tu peux J'vois bien, et moi aussi On vivait chaque jour Comme un nouveau matin Qui n'était là que pour Un bonheur incertain Ces jours mon vieil ami Qu'on passait sans souci A arpenter les rues Ces jours, t'en souviens-tu? Maint'nant qu'on est plus grand Et qu'on est plus sérieux On gère mieux notre temps Ces jours sont trop précieux On les a quadrillé Sur un calendrier On les a collés, là Sur un vieil agenda Refrain : On s'essoufle un peu Oh! Mon vieil ami Tu fais c'que tu peux J'vois bien, et moi aussi
9.
Bitume 01:39
BITUME Une nuée de métal Se rue sur le bitume Les lumières éclatent Sur les feux écarlates Brisant des lignes de neige Pris au piège Pris en défaut Ils sont face contre la vitre Le soleil roule Sur le ruban noir Où apparaît la première foule Du Samedi soir Les yeux trop pleins D’un week-end trop proche Les feux éclatent Sur le sang écarlate Visages Roulant dans le fossé La nuit tourne Sur le bas côté Une pluie de métal Coule sur le fil d’asphalte Les yeux éclatent Sur une croix écarlate Les yeux éclatent Sur une croix écarlate.
10.
L'ARC EN CIEL C'était un petit arc-en-ciel Qui se sauvait devant l'hiver C'est dur de survivre quand un tel Bonhomme vous tient entre ses serres. Pensait ce petit bout d'lumière Cette palette naturelle C'est vrai que ce bonhomme hiver Est dur avec les arcs- en -ciel Jadis il avait eu la peau D'un arc immense et imposant Un ciel trop sec fut son tombeau Il dort tout au fond maintenant Voilà pourquoi ce bout d'lumière Se retrouve soudain orphelin Tout le printemps cherche son père Et du ciel fouille chaque recoin Naissant au creux de chaque ondée Il s'éveillait d'une autre vie Et profitant d'une matinée Demandait aux gouttes de pluie : "Gouttes de pluie, petites perles Vous qui voyagez dans les airs Auriez vous vu un arc en ciel Plus grand que moi, je cherche mon père." "Il est facile à reconnaitre C'est un grand arc sans ficelle Enjambant chaque morceau de terre Si grand qu'il boit le bleu du ciel." Mais la pluie était silencieuse Perles de cristal mais point loquace Sa musique était paresseuse Parler n'y avait pas sa place Ce petit tout p'tit bout d'ficelle Etait ma foi fort courageux Retenant ses larmes aux yeux Se retourna vers le soleil "Si des gouttes de pluie nous naissons C'est ta lumière qui nous éveille Au fond c'est toi notre patron S'il te plait prête moi l'oreille. "Tu sais sûrement où il se cache Je suis sûr que tu l'as repéré Il t'es possible autant que je sache De me dire où je peux le trouver" Mais le soleil était muet Il connaissait n'en doutons point Le papa de ce titounet Mais préférait n'en dire rien. Le ciel est grand et surpeuplé D'étranges animaux ailés Couverts de plumes ou de métal Si j'ose dire de tout poil. Dans le peu de temps qui restait Notre arc-en-ciel interrogea Deux buses, un boeing et un geai Pouvant connaitre son papa : "Sûr messieurs vous le connaissez Avança-t-il prudemment A quelques oiseaux égarés Et aux avions indifférents." Mais cette bande de volatiles De piafs bavards et inutiles Ne daigna point s'interesser Au pauvre petit esseulé. Et la pluie était silencieuse Une à une les gouttes ont cessé Se sont séparées malheureuses Et l'arc-en-ciel s'est effacé C'était un petit arc en ciel Naissant au creux de chaque ondée Mourant aux heures les plus belles Sans jamais l'avoir retrouvé Son papa mais je suis certain Qu'un jour la pluie et le soleil S'uniront par un beau matin Pour tirer de leur sommeil Deux arcs enjambant la forêt La route, les toits et les rivières L'un d'eux très grand, l'autre bien caché Entre les jambes de son père.
11.
L’ARRIERE-SAISON Je t’avais ramené d’un très lointain voyage Un présent si modeste qu’au creux de ma main Je l’ai caché, enserré, perdu dans mon bagage Blotti dans ma tête ou au creux de mes reins. Alors pour te rejoindre , j’ai dressé les voiles J’ai quitté ce matin un âge (monde) trop pesant J’ai dirigé, la barre vers un fragment d’étoile Un temps inanimé mais qui est notre temps. Je cherche un horizon perdu dans le brouillard Un cap indépassable que j’ai bordé longtemps La flèche lumineuse d’un brasier d’Ouessant La silhouette élancée et frileuse d’un phare. Je t’avais promis, t’en souviens tu ? Un ours, un lapin, un robot mécanique Que j’aurais ramené du bout des Amériques Un frisbee, un chef indien ou un chapeau pointu Tu m’avais ramené de tes chasses nocturnes Un balai de sorcière , une trompette hawaïenne Une réserve des vents , une queue de sirène Un miroir sans reflet et du sable de dunes Tu m’avais ramené des histoires sans nom Des présents familiers aux elfes des collines Des silences de mort et le son des canons Un drapeau coloré et une peau d’hermine Un briquet à cinq lames, une passoire à frire Un canard albinos, des godillots de danse Et des monceaux de jaille et des tonnes d e rire Des années de marade, des années de silences Puis tu t’es enlisé, puis tu t’es échoué Tu nous a vus mourir au-delà du fanal D’un geste de la main , tu t’es enlisé On s’est fait une raison mais çà fait un peu mal On a laissé là bas accroché au rivage Un phare échevelé sans lueur dans les yeux Aux traits un peu simiesques, aux membres un peu sauvages Aux amorces soudaines que tuent les derniers feux. Pour cacher ton absence ou pour la décorer Je t’ai ramené une brisure de cristal Un geste de la main, un cœur entrelacé J’me suis fait une raison, mais j’te jure, çà m’a fait mal.
12.
Clodo 03:00
CLODO Quand le ciel se décompose Et c’était toujours l’hiver Et le givre se dépose Sur la surface des carreaux Il me reste à peine une dose Du pinard qui me tient chaud Ce soir je ne souhaite qu’une chose Jeter une bouteille à la mer Refrain J’sais pas où j’vais ,j’sais pas qui j’suis J’sais seulement qu’je suis pas grand chose J’veux pas d’aumône, j’veux pas d’ »mercis J’veux seulement avoir ma dose La neige glace même mon mégot J’ai froid aux mains, j’ai mal aux yeux Et le pinard me rend trop vieux Les doigts trop froids , le ventre trop chaud J’irais bien frapper à une porte Voir des gamins et être au chaud Parler et être ainsi de la sorte Autre chose qu’un clodo Refrain J’sais pas où j’vais ,j’sais pas qui j’suis J’sais seulement qu’je suis pas grand chose J’veux pas d’aumône, j’veux pas d’ mercis J’veux seulement avoir ma dose J’irais voir les tours illuminées Elles sont mon Noël à moi Après j’irais me coucher et cueillir ma mort à moi Je ferai la une des journaux « Crever à Noël, c’est dégueulasse ! » C’est étrange , la mort d’un clodo Un animal dans la glace Refrain J’suis qu’un débris, j’suis pas grand chose J’ai qu’un seul droit, celui de me taire Mais ce soir, je ne souhaite qu’une chose Voir une rose en plein hiver
13.
Les gueuses 01:58
LES GUEUSES. La verge en main, les vierges assassines Dans l'ombre des couloirs ou des portes cochères. Mouillent leurs lèvres quand d'autres lèvres astiquent L'envers des revers de faux célibataires Vastes nacelles aux bites amarrées Elles ondulent leur ventre au pieu d'un vague amant Lourdes étraves sur son corps échoué Les rosières savent bien baiser élégamment. Refrain Les vierges assassines N'ont jamais omis d'offrir De leurs troubles insignes L'hommage de leur vertu Et les obscurs désirs De leur silhouette nue Mais pour un inconnu Elles drapent leur pudeur D'une perle de couleur Les doigts agiles et les mains très câlines Glissant sous les treillis ou les cotes de maille Elles cherchent le col fier tendu de la pine Elles donnent le plaisir d'une ancienne bataille Bien élevées et soucieuses avant tout Du bien être d'autrui et d'autant leurs amies Elles s'empressent à bien des rendez-vous Initier des pucelles au chevet de leur lit Refrain Les vierges assassines N'ont jamais omis d'offrir De leurs troubles insignes L'hommage de leur vertu Et les obscurs désirs De leur silhouette nue Mais pour un inconnu Elles drapent leur pudeur D'une perle de couleur Ne cessant pas d’être filles généreuses Aux portes du trépas, elles réchauffent bien des morts C’est au pied du gibet qu’il faut chercher les gueuses Qui aiment ensemencer la terre de mandragores.
14.
LE MONT LOZERE (Col de Finiels) Là, sur le mont Lozère Au milieu de moutons Ramenés en troupeau Par cet homme et son chien Je fredonne à l’oreille Du vent mon compagnon Des promesses annotées En désordre ce matin Refrain Je crois, naïf, encore, Q’un jour je m’éveillerai Heureux à tes côtés Et que je t’écrirai Je crois, naïf, encore Qu’un jour je t’écrirai La plus belle des chansons Qu’on n’écrira jamais Là, sur la Mont Lozère Tu as beau être absente Tu as beau être loin Et ne plus exister Tu me donnes la force Qui fait gravir les pentes Les obstacles, les roches, Traverser les pierriers. Refrain Je crois, naïf, encore, Q’un jour je m’éveillerai Heureux à tes côtés Et que je t’écrirai Je crois, naïf, encore Qu’un jour je t’écrirai La plus belle des chansons Qu’on n’écrira jamais Là, sur le Mont Lozère Le chien est tout acquis Dans les pas de son maître Ramenant le troupeau Mais pourquoi s’isoler, Croire que loin du pays On peut se fuir soi même Se refaire une peau ? Refrain Je crois, naïf, encore, Q’un jour je m’éveillerai Heureux à tes côtés Et que je t’écrirai Je crois, naïf, encore Qu’un jour je t’écrirai La plus belle des chansons Qu’on n’écrira jamais Las, les mouton s’éloignent Je n’entends que le vent Qui siffle à mes oreilles Qui me parle doucement Les cloches s’obscurcissent Et le troupeau est loin Dans les pas de son maître Le chien n’est plus qu’un point. Refrain Je crois, naïf, encore, Q’un jour je m’éveillerai Heureux à tes côtés Et que je t’écrirai Je crois, naïf, encore Qu’un jour je t’écrirai La plus belle des chansons Qu’on n’écrira jamais Là, sur le Mont-Lozère Le vent s’est apaisé Les grillons se sont tus Laissant place au silence Mes promesses se perdent Le rêve s’est affaissé Ne restent que les mots Signifiant ton absence. Refrain Je crois, naïf, encore, Q’un jour je m’éveillerai Heureux à tes côtés Et que je t’écrirai Je crois, naïf, encore Mais au fond je le sais, Cette chanson d’amour Jamais je ne l’écrirai.

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released July 2, 2006

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Thierry Rogel Joué Lès Tours, France

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