1. |
Arsène
03:30
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ARSENE
Ca fait bien des années qu'il n'avait pas parlé
Vu que ça fait longtemps qu'il ne voit plus personne
Pauvr' Arsene et tout ça parcequ'il avait aimé
Dans sa jeunesse deux femmes, une diablesse et une nonne.
Pour la première fois il avait tout juste 16 ans
Pauvr'Arsene il créchait une piaule rue Meusan
En rentrant du lycée un pote lui avait dit
"Viens donc je vais te présenter une sacrée souris".
Une sacrée souris faut admettre qu'elle l'était
Et si c'est pas un viol, çà l'était à peu près
Pauvr'Arsène n'eut pas le temps de se défiler
La souris l'alpagua et le mit à ses pieds.
V'là Arsène amoureux ou il crut qu'il l'était
Difficile de décider quand on ne mène pas la barque
Car la diablesse en somme sut bien l'ensorceler
Le mena par le bout du nez, d'amour en paires de claques.
Au bout de quelques mois de ce semblant d'orgie
Arsène en apprit plus qu'un amant dégourdi
Mais il perdit surtout de son bel amour propre,
Ne voyant plus la vie que par sa belle salope.
Puis comme vous vous doutez, la fin fut bien pire
La diablesse s'en fut un matin sans rien dire
Laissant le pauvr'Arsène ébaubi et cocu
Jurant mais un peu tard qu'on ne l'y prendrait plus.
Qu'on ne l'y prendrait plus, beau serment je t'en fiche
Tous les coeurs délaissés ne sont en fait qu'en friches
Je suis sûr mon ami qu'une si banale histoire
Tu l'as tant jouée que tu la sais de mémoire.
Enfin trois mois après il rencontre l'âme soeur
Une fleur fermée aux accents de douceur
La fillette était vierge, demoiselle si pure
Une nonne, une sainte, aux sentiments si sûrs.
Voilà l'Arsène si fier, aimant à se montrer
Une belle à son cou, jolie à s'en damner
Elle était amoureuse, certes, mais dans la tradition
C'est dire si l'Arsène dut freiner sa passion.
Arsène voulut en faire autre chose qu'une sainte
Qu'enfin ses cours du soir servent à ses étreintes
Sa dulcinée était vraiment mauvaise élève
Elle ne fut sa maîtresse qu'aux confins de ses rêves.
Et cette pruderie parceque prétend elle
Il n'y a pire tromperie que cet amour charnel
Cette idée saugrenue lui vint du Nouveau-Monde
Où la mode parait il est d'être pudibonde.
Ajoutons à cela qu'elle a peur de l'amour
Et de ces maladies qui ne sont pas de coeur
Vous comprendrez alors qu'Arsène eut vite fait le tour
De cet amour raté qui fut d'abord un leurre.
Et puisque, dit il, je ne peux espérer trouver mieux
Mieux qu'une Aphrodite qui me viole sur mon pieu
Ou qu'une sainte Nitouche qui me laisse sur ma faim
Je f'rais mieux de quitter ce monde trop humain.
Cà fait bien des années qu'Arsène vit heureux
Sans filles, sans amis mais des rêves pleins les yeux
Et çà fait des années qu'Arsène ne parle plus
Sinon quand il marmonne parfois au coin des rues.
Et çà fait des années qu'Arsène ce vieil idiot
Regrette en pleurnichant, en essuyant de la main
Le rebord de ses yeux, le coin de son manteau
Qu'il a maint'nant si sale qu'il n'attend plus demain.
Arsène ce vieux poteau est tout compte fait heureux
Mais le compte est vite fait le bilan c'est zéro
Zéro c'est pas si mal se dit Arsène péteux
Si j'm'étais marié j' s'rais p'têtr' moins que zéro.
Cà c'est Arsène craché, il s'console comme il peut
Il peut faire une scène il s'en portera mieux
Mais çà ne change rien au fait qu'il est tout seul
Et qu'il n'a plus personne pour aimer sa p'tite gueule
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2. |
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UN AMI DE PASSAGE
Je lui avais offert la gîte et le couvert
Une place dans le salon près du feu qui crépite
Un peu de calme après bien des années de fuite
Un morceau de ma vie indolente et pépère
Il m'avait tout rendu sous forme d'affection
A moi qui suis vieil ours et sans ma permission
Et j'avais beau lui dire que j'étais qu'un vieux con
Il ne semblait guère partager mon opinion.
Que ce chien était laid et mon dieu qu'il puait
Toute la boue des fossés semblait s'être incrustée
A ce vieux poil terni qui servait de pelage
Et qui lui donnait l'air de sortir d'un naufrage.
Faut dire ;pour sa défense qu'on faisait bien la paire
Je n'étais pas beaucoup plus propre ni attirant
Ma liquette élimée cachée sous mon imper
Et sa pelisse donnait un spectacle affligeant.
On nous faisait sentir que c'était pas que des broutilles
Ces matins de dimanche où étaient de sortie
Ces braves génitrices et ces mères de famille
Qui regardaient de haut, monsieur, votre insoumis.
Ah Dieu qu'ils étaient lourds ces regards de mépris
Et dès lors qu'ils proviennent de ces braves cagots
On se sent anobli à tel point qu'on se dit
Qu'au fond on a raison d'avoir ce vieux cabot.
A l'heure de l'apéro c'est lui qui m'emmenait
moi qui avais juré de ne plus toucher un verre
Et quand avec les potes on parlait de naguère
On ne savait plus très bien qui de nous aboyait.
Ce putain de cabot, j'peux dire que je ne l'aimais pas
Mais il valait bien plus que n'importe quel bonhomme
Que n'importe quel monsieur qui croit être ce qu'il n'est pas
C'qu'il est j'dirai pas qu'c'est peu mais c'est tout comme
Et philosophe en diable quand il ne pouvait pas
Avoir ce qu'il voulait, il allait (s'faire) voir ailleurs
Alors qu'on a encore vu tout à l'heure
Un grand pas grand chose pleurer parce qu'on ne l'aimait pas.
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3. |
Le temps aidant
02:47
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LE TEMPS AIDANT.
Le temps aidant
On tue son temps
Tout le temps
Et tant qu'on tente de l'oublier
On tend
A l'essaimer
Il coule bien trop doucement
Ses sables semblent trop mouvants
Ce temps... s'englue de temps.
On perd son temps
A l'gaspiller
On s'appauvrit En s'endettant
De temps
De temps en temps
On perd son temps.
Il coule bien trop doucement
Ses sables semblent trop mouvants
Ce temps... s'englue de temps.
On trouv' son temps
En l'essaimant
On le trouve bien
Un peu lent
Plutôt qu'attendre
On tue sontemps
En s'aimant.
Il coule bien trop doucement
Ses sables semblent trop mouvants
Ce temps... s'englue de temps.
On perd son temps
En tuant l'temps
C'est con
Mais c'est trop long
De tuer l'temps
A petit feu
En vivant.
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4. |
Gonzesse et gonzesse
03:54
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GONZESS' ET GONZESS'
Refrain :
Gonzess et gonzess
Sont dans unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est ce qu'il reste
Qu'est c'qui rest'?
Gonzess et gonzess
Sont dans unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est c'qui rest'
D'aussi beau ?
Il reste un vieux gars
Qui se sent bien tout seul
Sait quoi faire de ses dix doigts
Se bourre douc'ment la gueule
Une bouteille de Bordeaux
Une canne au fil de l'eau
Un chien à ses côtés
Qui se laisse caresser
Il lui reste le soleil
Et le ciel sur la tête
Un peu plus de sommeil
Des rêves qui font la fête
Son chapeau sur le nez
La pipe clouée qu bec
Les chaussure délacées
Bref, il reste un brave mec
Refrain :
Gonzess et gonzess
Sont dns unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est ce qu'il reste
Qu'est c'qui rest'?
Gonzess et gonzess
Sont dans unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est c'qui rest'
D'aussi beau ?
Il reste un courageux
Qu' a largué d'un seul coup
Avant qu'être trop vieux
D'avoir la bride au cou
Sa femme et sa maitresse
Car il avait trop peur
De retrouver son coeur
Maintenu à deux laisses
Un gars libre et perdu
Et un peu angoissé
De n'avoir aucun dû
D'avoir le coeur libéré
Car c'est un peu flippant
De se retrouver seul
De regagner vingt ans
De se sentir plus jeune.
Refrain :
Gonzess et gonzess
Sont dans unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est ce qu'il reste
Qu'est c'qui rest'?
Gonzess et gonzess
Sont dans unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est c'qui rest'
D'aussi beau ?
A ses femme et maitresse
Les deux fleurs de sa vie
(Il) avait fait la promesse
D'une balade dans le lit
dans le lit de la Loire
Sauv'gardons la morale
Bien que dans cette histoire
La fin soit peu banale
Au bout de trois quart d'heure
D'un sportif canotage
L'homme vint aux abords
D'un ultime rivage
Guidé par le malin
Leur dit : "Je crois qu'il faut
Qu'on prenne un dernier bain"
Dernier c'est bien le mot.
Refrain :
Gonzess et gonzess
Sont dans un bateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est ce qu'il reste
Qu'est c'qui rest'?
Gonzess et gonzess
Sont dans un bateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est c'qui rest'
D'aussi beau ?
C'est ainsi que l'ami
Bel amant, bon mari
Noya sans état d'âme
Sa maîtresse et sa femme
Et puis s'en repartit
Guilleret et léger
Vers son douillet logis
Du côté de Saché
Mais un homme prévoyant
Aurait du se douter
Qu'on ne peut pagayer
Au rythme du vin blanc
Aux abords de la ville
Le fleuve s'est fâché
Il se fit moins docile
Notre ami s'est noyé.
Refrain :
Gonzess et gonzess
Sont dans unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est ce qu'il reste
Qu'est c'qui rest'?
Gonzess et gonzess
Sont dans unbateau
Il fout les deux à l'eau
Qu'est c'qui rest'
D'aussi beau ?
L'histoire n'est pas finie
Car notre vagabond
Toquant au Paradis
N'en eut pas pour deux ronds
"Pas de types comme toi"
Lui envoya Saint-Pierre
" Retourne sur tes pas
Et va voir en Enfer."
"Ton meurtre est amusant
Mais le mobil' léger
Ni passion ni argent
Tu nous fais rigoler"
Lui dit le diablotin
A l'entrée de l'enfer
Retourne d'où tu viens
Y a de la place sur terre.
Refrain :
Gonzess et gonzess
Sont au Paradis
Et leut petit mari
A les fesses sur terre
Et on peut le voir
Près de la rivière
Occupé à boire
En revenant pépèr
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5. |
Mon frère
02:33
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MON FRERE.
Quand on s'ra vieux mon frère
Qu'on s'ra tout avachi
Et que s'payer une bière
Sera notre seul souci
Et qu'on ira regarder
Comment le ciel s'éclaire
Quand le soleil se lève
Dans nos matins d'hiver
On aura une maison
Accrochée à la roche
Pendue à la falaise
Face à l'immensité
On aura les couleurs
Du sable à marée basse
Et le bruit des vagues
Qui meurent à nos pieds.
Les soirées seront longues
Nos rêveries secrètes
Et nos conversations
Seront interminables
La valse lancinante
Du battant de l'horloge
Se fera plus lente à
Mesure qu'approche l'aurore
Et on s'rappellera
Qu'à l'heure on se pardonne
Mais que dans nos vingt ans
On s'était déchirés
Pour une fausse vierge
Une Lolita perverse
Et qu'au fond on ne sait
Pardonné qu'à moitié.
On traînera nos heures
Notre vieille carcasse
Au plus haut des falaises
Au travers de la lande
On traînera nos cœurs
Au bout de leur voyage
Quand on n'a que le vide
A serrer tendrement
Et si au bout des âges
L'un de nous deux s'abîme
Si ses doigts se desserrent
De la prise du temps
Il aura, je l'espère,
Que bien peu à attendre
Pour qu'une ombre revienne
Marcher à ses côtés.
Et si au bout des âges
L'un de nous deux s'abîme
Si ses doigts se desserrent
De la prise du temps
Il aura, je l'espère,
Que bien peu à attendre
Pour qu'une ombre revienne
Marcher à ses côtés
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6. |
J'as rien compris
03:49
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J' AS RIEN COMPRIS
Sam'di matin que j'm'emmerdais
Comme un rat mort
Que je trainais mes amertumes
En solitaire
J'avise un pote qui trottinait
En grolles de sport
"Gars tu vas attraper un rhume
Faut pas courir en plein hiver".
Mon pote s'arrête, un peu surpris
Tout en sueur
Il me regarde dans les yeux
Prend ses grands airs
Et me dit : "Gars, t'as pas compris
Tu sais qu'à c't' heure
Pour s'en soritr, il faut un peu
De préparation militaire.
Et il me dit
"Viens donc mon gars
Pour la Patrie
Qui a besoin
De types comme toi".
J'y répondis
" Tu sais je suis
Trop lâche.
La guerre pour moi
C'est un grand jeu
De vaches.
Nos adversaires
Je les aime pas
Pourtant
Laisse moi le temps
D'avoir le temps
(Laisse moi le temps
D'avoir le temps)
D'être un mourant
Samedi soir que j'm'emmerdais
D'vant ma télé
Je décide de faire un tour
Dans un baloche
J'avise une grosse que j'emballais
Sans hésiter
Et j'y propose un peu d'amour
Dans mon paddoche
Au bord du lit j'amène à moi
La demoiselle
Et on s'esbigne et on s'esquinte
Sur ma liquette
Mais au moment de remettre çà
La jeune donzelle
Me dit : "T'as pas compris ma plainte
C'que tu me fais c'est pas ma fête".
J't'aim'rais moins doux
T'es bien trop sage
J't'aim'rais plus fou
Comme j' imagine
Les gars d'ton âge
J'y répondis
Tu sais au lit
J'suis moi
Un peu trop tendre
J'peux pas prétendre
Etre bas
L'amour ensemble
C'est quand on tremble
Pas de froid
Laiss'moi le temps
D'avoir le temps
(Laiss'moi le temps
D'avoir le temps)
D' être dégoutant.
Dimanche après m', j'me baladais
Dans la forêt
Un p'tit oiseau vint se poser
Sur mon épaule
J'avise le piaf qui m'regardait
D'un peu trop près
J'dis : "Qu'est c't'as à m'regarder
S'pèce de volaille, me trouves tu drôle?"
A mon plus grand étonnement
Il m'répondit
Dans un français tell'ment parfait
Qu'j'suis ébloui
"Sachez monsieur qu'en ce moment
C'est à Paris
Que j'aimerais me retrouver
Me serviriez vous de taxi?"
"Vous me semblez
Plutôt sympa
Est c' trop d'mander
De m'emmener
A l'opéra?"
J'y répondis
T'as pas compris
L'oiseau
La ville c'est pas
Ce que tu crois
Si beau
T'y s'rais livide
Proche du suicide
Palôt
Laiss'moi le temps
D'avoir le temps
(Laiss' moi le temps
D'avoir le temps)
D'être un salaud.
Lundi matin, j'emmerdais plus
Dans le métro
Fallait bosser-y'a rien de tel
Pour s'occuper
Comm' j'avais le regard perdu
Sur quelques dos
Je m'adresse à la clientèle :
"Qu'attendez vous pour vous barrer?"
Les zigs s'retournent et zieutant
Ma dégaine
Ils montrent les dents, ils ouvrent la bouche
Et d'une seule voix
M'expliquent alors le plus important
Dans leur déveine
"T'as pas compris qu'on met les pouces
Morveux qu'on a baissé les bras".
"Pour la bagnole
Et la télé
L'ordinateur
Le compact-disc
Faut travailler"
J'ai froid dans l'dos
Moi j'ai bien trop
La flemme
Ma vie est faite
De petites fêtes et
De week-ends
J'ai la tête
Pleine d'amour
D'oiseaux
Laissez moi l'temps
D'avoir le temps
(Laissez moi l'temps
D'avoir le temps)
D' être un héros.
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7. |
L'enfant caché
02:47
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L’ENFANT CACHE
(LA GRANDE HISTOIRE).
On abandonne parfois un coin de sa mémoire
On nous avait dit qu’il ne sert à rien d’y croire
Deux ou trois ans perdus quand on était enfant
Deux ou trois ans perdus, qu’est ce que c’est, maman?
On nous enlève parfois des mots quotidiens
Papa, maman, p’tit frère, des mots qui font du bien
On nous a donné des mots pour les étrangers
Des pépères, des mémères, la mémoire s’est couchée.
Les grands avaient dit “Cache toi mon enfant!”
(Et) on se cache toujours dans un coin de mémoire
Là où on reste petit, craignant parfois le temps
Comme on a peur du loup au fond de l’armoire.
Les problèmes des grands étaient trop grands pour nous
Les histoires des grands c’était de la grande histoire
(Mais putain) on a perdu nos câlins, nos billes et nos joujoux
C’est pour la Grande Histoire on nous l’a dit plus tard.
Mon amour, pardonne moi ces années perdues
Je les ai égarées, je ne peux les partager
J’ai parfois des mots déplacés ou incongrus
Mais des mots parfaits pour désigner ces années
Vieillard passé, je ne sais que léguer
Je ne sais que transmettre à l’enfant qui viendra
Le petit-fils à naître héritant le passé
Qui ne sait comment dire ce qui ne se dit pas.
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8. |
L'indicible en mi
03:39
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L'INDICIBLE EN MI
Rappelle toi mon bonhomme
On était comme trois pommes
On tapait dans l'ballon
Tu m'donnais des leçons
Maintenant qu'on a grandi
C'est un ballon de gris
Qu'on s'tape fatigué
Au comptoir du café
Et on coursait les filles
sur nos vélo-solex
On touchait pas une bille
Mais on était sans complexe
Maint'nant on se croit grand
Notre fille on l'a trouvée
Mais au fond c'est moins marrant
De se sentir casé
Refrain :
On s'essoufle un peu
Oh! Mon vieil ami
Tu fais c'que tu peux
J'vois bien, et moi aussi
Et quand on se quittait
C'était pas pour longtemps
L'apéro n'était jamais
Pris séparément
On f'sait des fêtes d'enfer
On prenait notre pied
Fumant des trucs pas clairs
Tout'la sainte journée
Maint'nant les gauloises filtre
Et le picrate au litre
Sont nos seuls interdits
Du moins à ce qu'on dit
Mais des fois y'a des soirs
Où le verre de Bourgogne
A des goûts d'au revoir
De désir et de rogne
Refrain :
On s'essoufle un peu
Oh! Mon vieil ami
Tu fais c'que tu peux
J'vois bien, et moi aussi
On vivait chaque jour
Comme un nouveau matin
Qui n'était là que pour
Un bonheur incertain
Ces jours mon vieil ami
Qu'on passait sans souci
A arpenter les rues
Ces jours, t'en souviens-tu?
Maint'nant qu'on est plus grand
Et qu'on est plus sérieux
On gère mieux notre temps
Ces jours sont trop précieux
On les a quadrillé
Sur un calendrier
On les a collés, là
Sur un vieil agenda
Refrain :
On s'essoufle un peu
Oh! Mon vieil ami
Tu fais c'que tu peux
J'vois bien, et moi aussi
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9. |
Bitume
01:39
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BITUME
Une nuée de métal
Se rue sur le bitume
Les lumières éclatent
Sur les feux écarlates
Brisant des lignes de neige
Pris au piège
Pris en défaut
Ils sont face contre la vitre
Le soleil roule
Sur le ruban noir
Où apparaît la première foule
Du Samedi soir
Les yeux trop pleins
D’un week-end trop proche
Les feux éclatent
Sur le sang écarlate
Visages
Roulant dans le fossé
La nuit tourne
Sur le bas côté
Une pluie de métal
Coule sur le fil d’asphalte
Les yeux éclatent
Sur une croix écarlate
Les yeux éclatent
Sur une croix écarlate.
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10. |
L'arc en ciel
04:16
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L'ARC EN CIEL
C'était un petit arc-en-ciel
Qui se sauvait devant l'hiver
C'est dur de survivre quand un tel
Bonhomme vous tient entre ses serres.
Pensait ce petit bout d'lumière
Cette palette naturelle
C'est vrai que ce bonhomme hiver
Est dur avec les arcs- en -ciel
Jadis il avait eu la peau
D'un arc immense et imposant
Un ciel trop sec fut son tombeau
Il dort tout au fond maintenant
Voilà pourquoi ce bout d'lumière
Se retrouve soudain orphelin
Tout le printemps cherche son père
Et du ciel fouille chaque recoin
Naissant au creux de chaque ondée
Il s'éveillait d'une autre vie
Et profitant d'une matinée
Demandait aux gouttes de pluie :
"Gouttes de pluie, petites perles
Vous qui voyagez dans les airs
Auriez vous vu un arc en ciel
Plus grand que moi, je cherche mon père."
"Il est facile à reconnaitre
C'est un grand arc sans ficelle
Enjambant chaque morceau de terre
Si grand qu'il boit le bleu du ciel."
Mais la pluie était silencieuse
Perles de cristal mais point loquace
Sa musique était paresseuse
Parler n'y avait pas sa place
Ce petit tout p'tit bout d'ficelle
Etait ma foi fort courageux
Retenant ses larmes aux yeux
Se retourna vers le soleil
"Si des gouttes de pluie nous naissons
C'est ta lumière qui nous éveille
Au fond c'est toi notre patron
S'il te plait prête moi l'oreille.
"Tu sais sûrement où il se cache
Je suis sûr que tu l'as repéré
Il t'es possible autant que je sache
De me dire où je peux le trouver"
Mais le soleil était muet
Il connaissait n'en doutons point
Le papa de ce titounet
Mais préférait n'en dire rien.
Le ciel est grand et surpeuplé
D'étranges animaux ailés
Couverts de plumes ou de métal
Si j'ose dire de tout poil.
Dans le peu de temps qui restait
Notre arc-en-ciel interrogea
Deux buses, un boeing et un geai
Pouvant connaitre son papa :
"Sûr messieurs vous le connaissez
Avança-t-il prudemment
A quelques oiseaux égarés
Et aux avions indifférents."
Mais cette bande de volatiles
De piafs bavards et inutiles
Ne daigna point s'interesser
Au pauvre petit esseulé.
Et la pluie était silencieuse
Une à une les gouttes ont cessé
Se sont séparées malheureuses
Et l'arc-en-ciel s'est effacé
C'était un petit arc en ciel
Naissant au creux de chaque ondée
Mourant aux heures les plus belles
Sans jamais l'avoir retrouvé
Son papa mais je suis certain
Qu'un jour la pluie et le soleil
S'uniront par un beau matin
Pour tirer de leur sommeil
Deux arcs enjambant la forêt
La route, les toits et les rivières
L'un d'eux très grand, l'autre bien caché
Entre les jambes de son père.
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11. |
L'arrière saison
04:27
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L’ARRIERE-SAISON
Je t’avais ramené d’un très lointain voyage
Un présent si modeste qu’au creux de ma main
Je l’ai caché, enserré, perdu dans mon bagage
Blotti dans ma tête ou au creux de mes reins.
Alors pour te rejoindre , j’ai dressé les voiles
J’ai quitté ce matin un âge (monde) trop pesant
J’ai dirigé, la barre vers un fragment d’étoile
Un temps inanimé mais qui est notre temps.
Je cherche un horizon perdu dans le brouillard
Un cap indépassable que j’ai bordé longtemps
La flèche lumineuse d’un brasier d’Ouessant
La silhouette élancée et frileuse d’un phare.
Je t’avais promis, t’en souviens tu ?
Un ours, un lapin, un robot mécanique
Que j’aurais ramené du bout des Amériques
Un frisbee, un chef indien ou un chapeau pointu
Tu m’avais ramené de tes chasses nocturnes
Un balai de sorcière , une trompette hawaïenne
Une réserve des vents , une queue de sirène
Un miroir sans reflet et du sable de dunes
Tu m’avais ramené des histoires sans nom
Des présents familiers aux elfes des collines
Des silences de mort et le son des canons
Un drapeau coloré et une peau d’hermine
Un briquet à cinq lames, une passoire à frire
Un canard albinos, des godillots de danse
Et des monceaux de jaille et des tonnes d e rire
Des années de marade, des années de silences
Puis tu t’es enlisé, puis tu t’es échoué
Tu nous a vus mourir au-delà du fanal
D’un geste de la main , tu t’es enlisé
On s’est fait une raison mais çà fait un peu mal
On a laissé là bas accroché au rivage
Un phare échevelé sans lueur dans les yeux
Aux traits un peu simiesques, aux membres un peu sauvages
Aux amorces soudaines que tuent les derniers feux.
Pour cacher ton absence ou pour la décorer
Je t’ai ramené une brisure de cristal
Un geste de la main, un cœur entrelacé
J’me suis fait une raison, mais j’te jure, çà m’a fait mal.
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12. |
Clodo
03:00
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CLODO
Quand le ciel se décompose
Et c’était toujours l’hiver
Et le givre se dépose
Sur la surface des carreaux
Il me reste à peine une dose
Du pinard qui me tient chaud
Ce soir je ne souhaite qu’une chose
Jeter une bouteille à la mer
Refrain
J’sais pas où j’vais ,j’sais pas qui j’suis
J’sais seulement qu’je suis pas grand chose
J’veux pas d’aumône, j’veux pas d’ »mercis
J’veux seulement avoir ma dose
La neige glace même mon mégot
J’ai froid aux mains, j’ai mal aux yeux
Et le pinard me rend trop vieux
Les doigts trop froids , le ventre trop chaud
J’irais bien frapper à une porte
Voir des gamins et être au chaud
Parler et être ainsi de la sorte
Autre chose qu’un clodo
Refrain
J’sais pas où j’vais ,j’sais pas qui j’suis
J’sais seulement qu’je suis pas grand chose
J’veux pas d’aumône, j’veux pas d’ mercis
J’veux seulement avoir ma dose
J’irais voir les tours illuminées
Elles sont mon Noël à moi
Après j’irais me coucher et cueillir ma mort à moi
Je ferai la une des journaux
« Crever à Noël, c’est dégueulasse ! »
C’est étrange , la mort d’un clodo
Un animal dans la glace
Refrain
J’suis qu’un débris, j’suis pas grand chose
J’ai qu’un seul droit, celui de me taire
Mais ce soir, je ne souhaite qu’une chose
Voir une rose en plein hiver
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13. |
Les gueuses
01:58
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LES GUEUSES.
La verge en main, les vierges assassines
Dans l'ombre des couloirs ou des portes cochères.
Mouillent leurs lèvres quand d'autres lèvres astiquent
L'envers des revers de faux célibataires
Vastes nacelles aux bites amarrées
Elles ondulent leur ventre au pieu d'un vague amant
Lourdes étraves sur son corps échoué
Les rosières savent bien baiser élégamment.
Refrain
Les vierges assassines
N'ont jamais omis d'offrir
De leurs troubles insignes
L'hommage de leur vertu
Et les obscurs désirs
De leur silhouette nue
Mais pour un inconnu
Elles drapent leur pudeur
D'une perle de couleur
Les doigts agiles et les mains très câlines
Glissant sous les treillis ou les cotes de maille
Elles cherchent le col fier tendu de la pine
Elles donnent le plaisir d'une ancienne bataille
Bien élevées et soucieuses avant tout
Du bien être d'autrui et d'autant leurs amies
Elles s'empressent à bien des rendez-vous
Initier des pucelles au chevet de leur lit
Refrain
Les vierges assassines
N'ont jamais omis d'offrir
De leurs troubles insignes
L'hommage de leur vertu
Et les obscurs désirs
De leur silhouette nue
Mais pour un inconnu
Elles drapent leur pudeur
D'une perle de couleur
Ne cessant pas d’être filles généreuses
Aux portes du trépas, elles réchauffent bien des morts
C’est au pied du gibet qu’il faut chercher les gueuses
Qui aiment ensemencer la terre de mandragores.
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14. |
Le Mont-Lozère
06:05
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LE MONT LOZERE
(Col de Finiels)
Là, sur le mont Lozère
Au milieu de moutons
Ramenés en troupeau
Par cet homme et son chien
Je fredonne à l’oreille
Du vent mon compagnon
Des promesses annotées
En désordre ce matin
Refrain
Je crois, naïf, encore,
Q’un jour je m’éveillerai
Heureux à tes côtés
Et que je t’écrirai
Je crois, naïf, encore
Qu’un jour je t’écrirai
La plus belle des chansons
Qu’on n’écrira jamais
Là, sur la Mont Lozère
Tu as beau être absente
Tu as beau être loin
Et ne plus exister
Tu me donnes la force
Qui fait gravir les pentes
Les obstacles, les roches,
Traverser les pierriers.
Refrain
Je crois, naïf, encore,
Q’un jour je m’éveillerai
Heureux à tes côtés
Et que je t’écrirai
Je crois, naïf, encore
Qu’un jour je t’écrirai
La plus belle des chansons
Qu’on n’écrira jamais
Là, sur le Mont Lozère
Le chien est tout acquis
Dans les pas de son maître
Ramenant le troupeau
Mais pourquoi s’isoler,
Croire que loin du pays
On peut se fuir soi même
Se refaire une peau ?
Refrain
Je crois, naïf, encore,
Q’un jour je m’éveillerai
Heureux à tes côtés
Et que je t’écrirai
Je crois, naïf, encore
Qu’un jour je t’écrirai
La plus belle des chansons
Qu’on n’écrira jamais
Las, les mouton s’éloignent
Je n’entends que le vent
Qui siffle à mes oreilles
Qui me parle doucement
Les cloches s’obscurcissent
Et le troupeau est loin
Dans les pas de son maître
Le chien n’est plus qu’un point.
Refrain
Je crois, naïf, encore,
Q’un jour je m’éveillerai
Heureux à tes côtés
Et que je t’écrirai
Je crois, naïf, encore
Qu’un jour je t’écrirai
La plus belle des chansons
Qu’on n’écrira jamais
Là, sur le Mont-Lozère
Le vent s’est apaisé
Les grillons se sont tus
Laissant place au silence
Mes promesses se perdent
Le rêve s’est affaissé
Ne restent que les mots
Signifiant ton absence.
Refrain
Je crois, naïf, encore,
Q’un jour je m’éveillerai
Heureux à tes côtés
Et que je t’écrirai
Je crois, naïf, encore
Mais au fond je le sais,
Cette chanson d’amour
Jamais je ne l’écrirai.
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