LA PLUIE N’EST PAS QU’A NOUGARO La pluie tapait sur les carreaux Elle se croyait chez Nougaro “Toc! toc! Je veux rentrer! J’ai froid!” “La pluie, dit pas n’importe quoi!” Que ferais tu au coin du feu? Tu t’évaporerais sous peu Tu ne serais plus qu’une flaque Sur le tapis, plus qu’une marque.” Refrain “Reste dehors, reste la pluie La pluie, ta place n’est pas ici La pluie tapait sur les carreaux Elle se croyait chez Nougaro.” “Mon vieux toi, t’es bien un salaud” Me dit la pluie sur les carreaux “Et si je m’accroche à ta fenêtre C’est à ton bras que je veux être”. “Et si je coule et si je pleure Je veux rentrer à l’intérieur Je veux me mettre auprès du feu Et près de toi, mourir un peu.” Refrain “Reste dehors, reste la pluie La pluie, ta place n’est pas ici La pluie tapait sur les carreaux Elle se croyait chez Nougaro.” “Mon vieux, toi tu es vraiment beau Tu es vraiment un beau salaud Trop beau quand tu baisses la tête Que tu te caches derrière tes lunettes” “Quand tu te protèges de moi Que tu te coules sous les toits Dans ton imper et sous ton feutre Dans ce putain d’appart’, tu te calfeutres” Refrain “Reste dehors, reste la pluie La pluie, ta place n’est pas ici La pluie tapait sur les carreaux Elle se croyait chez Nougaro.” La pluie, tu claques sous mes pas C’est là que je t’aime parfois Je t’aime pas à l’intérieur On se reverra tout à l’heure La pluie dit : “Je plique et je claque Alors je tombe dans mes flaques Et je m’écrase sur les carreaux Le temps n’est pas au beau... Le temps ...J’attends ...Je t’attends.

QUARTIER LATIN Si j'avais pu place Maubert Naitre quelques trente ans plus tôt Faire l'effort de mettre pied sur terre Mais pas bosser plus qu'il n'en faut Si j'avais pu rue des écoles Trainer mes guêtres et mes chansons Faire le mariolle, çui qui rigole Qui vous fait la conversation Avoir aussi pour meilleurs potes Quelques chiens et ces cons d'pigeons Qu'on fait voler à coups de botte Quand tu me traites de poch'tron Croiser dans les cafés du coinc' L'ombre distante d'un grand monsieur Monsieur Dimey, monsieur Brassens Qui sont partis avant d'être vieux M'bourrer la gueule comme je l'aime En écoutant l'accordéon D'un qui sait pas qu'le jour est blême D'un qu'a les yeux qu'en disent plus long Tourner à l'angle de Mouff'tard Trainer le long du caniveau Me rendre compte,mais trop tard, Que j'me retrouve les pieds dans l'eau De Saint-Michel j'ferai une plage Un paradis pour mes arpions Et même en restant sous l'orage Y'a du soleil sur mon plastron Si j'avais pu casser mon oeuf Trente ans avant dans ce Paris J'aurais repeint ma vie en neuf Aux couleurs de la rue de Bucci

Petit déjeuner Quand j'me réveille trois doigts dans l'Banania Que t'as les yeux perdus dans ton café Ta lippe boudeuse ne me trompe pas. C'est pas c'matin qu't'arrêteras de me bercer. Quand je me réveille les doigts dans le beurre Parceque j'ai encore craqué ma biscotte. Tu ne dis rien mais je vois tes yeux rieurs je vois qu'ce matin je suis toujours ton pote. Refrain : Mon oreiller un peu d'amour et mon café Voilà le monde comme je l'comprends Voilà un monde pas trop pressé Qui avance en prenant son temps. Et les nuages qui coursent les nuages Aux ras des champs qui coursent d'autres champs En ces temps, même la nature enrage De ne pas pouvoir être ton amant. On dit que la nature fait bien les choses Mais à chaque matin de cet hiver Elle m'a fait bien morose Heureusement qu'y avait ta lumière. Refrain : Mon oreiller un peu d'amour et mon café Voilà le monde comme je l'comprends Voilà un monde pas trop pressé Qui avance en prenant son temps. Quand mes rêves se noient dans ma tasse Mes cauchemars coulent et mes bonheurs surnagent Même mes peurs d’enfant s’effacent Pourvu que tu sois dans les parages. Quand tu me regardes dans les yeux chaque matin Je me dis voilà encore une belle journée A m'endormir doucement sur ton sein. Encore un jour à se faire câliner Refrain : Mon oreiller un peu d'amour et mon café Voilà le monde comme je l'comprends Voilà un monde pas trop pressé Qui avance en prenant son temps.

S.D.F. (Sauf Dimanche et fêtes) ou " UN SEUL WEEK-END VOUS MANQUE" Hier c'était Samedi Aujourd'hui c'est lundi Mais oui ai je bien lu Dimanche a disparu Mais oui ai je bien lu Dimanche a disparu J'ai même pas entendu les cloches du clocher Les silences de la rue Et les bruits du marché Les silences de la rue Et les bruits du marché Avec çà j'ai raté Le petit déjeuner Qui doit durer quatre heures Entre le thé et le beurre Et ce soleil d'hiver Qui couche sur mon lit C'est l'école buissonière Il s'est barré aussi refrain : Couché avec une fille Levé pour le boulot J'ai raté les calins J'ai raté le repos Des p'tits Dimanche matins Où la tête sous l'eau On soigne la gueule de bois Attrapée au bistrot Cette fille que j'ai ramenée Quand s'est elle tirée , S'est elle évaporée , A t elle même existé ? S'est elle évaporée , A t elle même existé ? J'ai même pas écouté Mes vieux disques rayés Mes musiques de ciné Ou bien la messe en ré Mes musiques de ciné Ou bien la messe en ré Ma clope et mon pastis Me sont passés sous le nez Ce petit apéritif Que j'voulais déguster Avec çà j'ai raté La diva du marché La fille du curé Qu'j'voudrais bien défroquer. refrain : Couché avec une fille Levé pour le boulot J'ai raté les calins J'ai raté le repos Des p'tits Dimanche matins Où la tête sous l'eau On soigne la gueule de bois Attrapée au bistrot Quand je pense que je me fais chier Six jours dans la semaine Que je me force à draguer Le Samedi à grand peine Que je me force à draguer Le Samedi à grand peine pour déguster à deux Mes Dimanche allants Mes p'tits calins mielleux Mes matins triomphants Mes p'tits calins mielleux Mes matins triomphants Et tout çà pour rater Ma seule journée sans peine Putain çà me fait chier Faut s'y remettre pour la semaine Hier c'était Samedi Aujourd'hui c'est lundi Mais oui ai je bien lu Dimanche a disparu refrain : Couché avec une fille Levé pour le boulot J'ai raté les calins J'ai raté le repos Des p'tits Dimanche matins Où la tête sous l'eau On soigne la gueule de bois Attrapée au bistrot

LA SIESTE. Et merde Marie-Jo et merde Catherine Comment à votre avis prendre un peu de repos Avec les pleurs du chien prostré dans la cuisine Et les cris du gamin qui détale au galop ? J'avais seulement rêvé de ces deux heures tranquilles Cent vingt minutes seulement, deux mille sept cent secondes Un' poussièr' de poussièr' pour ce gamin agile Pour lui qu'a tant de temps pour se bouffer le monde. Refrain: Dieu sait si j'ai rêvé en regardant ton ventre Gonfler et s'arrondir, Marie-Jo, Catherine En touchant l'arrondi naissant de ta poitrine Du bout des doigts je disais : "Cet enfant, je l'invente". Pourquoi Mon Dieu, pourquoi les fais tu si vivaces Ces enfants qu'on adore, ces gniards qu'on enlace ? Qu'on serre entre nos bras et qu'on croit si fragiles Quand ils nous bouff' le coeur d'un élan indocile. Et pourquoi les fais tu si goulus, si gourmands De tout ce qui veut vivre et qui leur est si proche ? Pourquoi les fais tu enjôleurs et charmants, Emmerdeurs et têtus, petites têtes de pioche ? Refrain Et Dieu sait si je rêve en l'regardant grandir Et si je l'imagine d'ici quelques poussières Un peu plus fort, et plus grand que moi, et plus prompt à sourire Prenant à bras le corps ce que je n'ai pu faire. Et merde Catherine et merde Marie Jo Et merde toi là haut Dieu qui se dit si bon Et toi surtout le mioche qui agite la maison Que vous ai je donc fait pour perdre mon repos? Et dis toi petit gniard qu'c'est pas parceque je t'aime Qu'il faut m'sauter dessus comme le bacille de la peste Et qu'il faut m'empêcher d'achever ce poème Et surtout me priver, me priver de ma sieste Refrain Dieu sait si j'aime rêver dans ces après-midi Où le soleil s'incruste au travers des persiennes Où l'on s'endort doucement, engoncé dans le lit M'secoue pas pour qu'j'me lève, bonhomme, c'est pas la peine. (Ajaccio Août 1989)

LE VENTRE. Elle ondule son ventre Tout rond sous les doigts Tout parcouru de frémissements ...De tremblements Elle se sent plus lourde chaque mois Alors elle le rentre, Comme la voilà grosse. Refrain Elle ondule son ventre Sous les coups du p'tit père Blotti en son centre (Bis) Elle se sent comme la cosse D'un légume brisé Qui voudrait encore grandir un peu Mais qu'est heureux De sentir sa peau déchirée Pour un ch'tit gosse Un p'tit braillard tout rougeaud Refrain Elle ondule son ventre Sous les coups du p'tit père Blotti en son centre (Bis) Elle ne me dit pas un mot Pas une parole Pour écouter battre le p'tit chose ...Chut! Y cause Il s'fait entendre sous la peau molle Et ce p'tit marmot Fait onduler son ventre. (Tours - 14/12/86).

UN DIMANCHE. Un Dimanche mon Dieu C'est sombre et c'est obscur Malgré le sapin qui brille Et les yeux qui pétillent Des enfants qui y croient encore Qu'un Père Noël est capable D'illuminer leur fin d'année Derrière les rideaux tirés Pour cacher le bleu de la journée Les guirlandes électriques Du sapin que fabriquent Deux marmots en goguette Entre Noël et jour de l'an Entre grand-père et papa maman Un Dimanche de Noël Mon dieu c'est sombre et c'est cruel A recompter le nombre Des Noëls passés à l'attendre Petit frère, petite sœur Il va bientôt passer "Peux tu éteindre ?" Puis on ira se coucher Un Dimanche de Noël C'est un Dimanche de plus A faire semblant Petit frère petite sœur Regarde ces enfants Qui y croient à leur Noël qui y croient Bienheureux et n'ont pas froid. ( 05 / 12 / 93).

LES JEUNES PARENTS. Les jeunes parents S'endorment en rêvant De leur cher bébé Déjà enrubanné De rêves d'avenir Et de mièvres sourires Les jeunes parents Grandissent en s'aimant Ils sont si studieux Et passent leur journée A penser pour deux Aux fesses de leur bébé De leur bébé A ses p'tits boutons Et à ses érythèmes Les jeunes parents ont (vraiment) beaucoup de problèmes. Ils s'affrontent mutuellement A coups de "je t'aime". Les jeunes parents Passent le tiers de leur temps A donner le biberon Et un tiers environ A chercher le sommeil. Le reste de la nuit Prend le dernier tiers Cà complète leur trois / huit. Les jeunes parents Jouent si sérieusement Avec leur bébé Qui est si éveillé Si éveillé. Et si intelligent Qu'il lui faut des jouets Vivement conseillés dans Un magazine pour parents. Ils ont des génies Qui leur ressemblent tant. Les jeunes parents Passent leur vie à faire chier Mais si gentiment Leurs amis sans enfants Ils débarquent sans gêne Avec le lit pliant Une nouvelle migraine Et sa dernière dent. "Oui, la nouvelle dent, Vous savez, la huitième" Rappellent ils patiemment Sûrs que tous ces problèmes Tous ces problèmes. Passionnent tout autant qu'eux Ce qui reste du Monde Qui compte si peu(à leurs yeux) Au dehors de leur ronde Ils ont la curiosité Un peu trop limitée Les jeunes parents Ne savent plus parler Que de leurs enfants Et voudraient décider De l'éducation Qu'il faudrait leur donner Pour qu'ils soient moins cons Qu'les gamins d'à côté. Les jeunes parents Ont l'univers fermé D'un monde hors du temps D'un enfer velouté, ...Fer velouté. Peuplé de peluches De pommades pour la peau De chutes et de bûches et de petits bobos. Les jeunes parents Vivent dangereusement Surtout pour les autres.

L'ARC EN CIEL C'était un petit arc-en-ciel Qui se sauvait devant l'hiver C'est dur de survivre quand un tel Bonhomme vous tient entre ses serres. Pensait ce petit bout d'lumière Cette palette naturelle C'est vrai que ce bonhomme hiver Est dur avec les arcs- en -ciel Jadis il avait eu la peau D'un arc immense et imposant Un ciel trop sec fut son tombeau Il dort tout au fond maintenant Voilà pourquoi ce bout d'lumière Se retrouve soudain orphelin Tout le printemps cherche son père Et du ciel fouille chaque recoin Naissant au creux de chaque ondée Il s'éveillait d'une autre vie Et profitant d'une matinée Demandait aux gouttes de pluie : "Gouttes de pluie, petites perles Vous qui voyagez dans les airs Auriez vous vu un arc en ciel Plus grand que moi, je cherche mon père." "Il est facile à reconnaitre C'est un grand arc sans ficelle Enjambant chaque morceau de terre Si grand qu'il boit le bleu du ciel." Mais la pluie était silencieuse Perles de cristal mais point loquace Sa musique était paresseuse Parler n'y avait pas sa place Ce petit tout p'tit bout d'ficelle Etait ma foi fort courageux Retenant ses larmes aux yeux Se retourna vers le soleil "Si des gouttes de pluie nous naissons C'est ta lumière qui nous éveille Au fond c'est toi notre patron S'il te plait prête moi l'oreille. "Tu sais sûrement où il se cache Je suis sûr que tu l'as repéré Il t'es possible autant que je sache De me dire où je peux le trouver" Mais le soleil était muet Il connaissait n'en doutons point Le papa de ce titounet Mais préférait n'en dire rien. Le ciel est grand et surpeuplé D'étranges animaux ailés Couverts de plumes ou de métal Si j'ose dire de tout poil. Dans le peu de temps qui restait Notre arc-en-ciel interrogea Deux buses, un boeing et un geai Pouvant connaitre son papa : "Sûr messieurs vous le connaissez Avança-t-il prudemment A quelques oiseaux égarés Et aux avions indifférents." Mais cette bande de volatiles De piafs bavards et inutiles Ne daigna point s'interesser Au pauvre petit esseulé. Et la pluie était silencieuse Une à une les gouttes ont cessé Se sont séparées malheureuses Et l'arc-en-ciel s'est effacé C'était un petit arc en ciel Naissant au creux de chaque ondée Mourant aux heures les plus belles Sans jamais l'avoir retrouvé Son papa mais je suis certain Qu'un jour la pluie et le soleil S'uniront par un beau matin Pour tirer de leur sommeil Deux arcs enjambant la forêt La route, les toits et les rivières L'un d'eux très grand, l'autre bien caché Entre les jambes de son père. (1991)

LES P'TITS BARS OUBLIES Deux kirs dans la gueule Un petit soleil C'est l'été qui revient Un journal au coin du bar Un sandwich oublié Des p'tits riens qui font du bien Deux ou trois poivrôts Perdus les yeux hagards Affaissés sur le comptoir Une patronne trop bougonne Un juke-box fatigué Les tintements des pourboires refrain Il suffit de ces petits riens De ces lambeaux de vie Ce p'tit cirque en technicolor Ca suffit on se sent bien Devant les verres d'eau de vie Dans les lambeaux du décor Des regards doux à échanger Avec de vieux clodos paumés Ou une fille toujours trop belle Dont on tombe amoureux Juste pour la soirée Juste pour oublier Les bribes de discussion qu'on attrape au vol Juste pour écouter vivre Les pleurs ou les remords Les chagrins et les rires Qu'on contemple en spectateurs attendris. refrain Il suffit de ces petits riens De ces lambeaux de vie Ce p'tit cirque en technicolor Ca suffit on se sent bien Devant les verres d'eau de vie Dans les lambeaux du décor Les dingues du flipper Les assoifés de bière La mousse accrochée aux lèvres Le chien de la patronne Qu'on finit par connaitre si bien A force de manger dans notre main Et les p'tits verres, les p'tits verres Qui circulent entre des mains Tellement fébriles Qu'on oublie, qu'on s'oublie Et c'qu'on aime, c'qu'on s'aime Dans les p'tits bars oubliés.

MON POTEAU Dis moi donc mon pote, depuis si longtemps qu'on ne s'était pas vus Si tu peux encore me parler trois heures,bien trois heures durant Ton verre à la main, de ce rouge écru Ce petit picrate que t'apprécies tant Dis moi donc mon vieux si tu peux encore Si t'es pas trop rond ou pas encore mort Me parler d'ces femmes, de ces vieilles gonzesses et de ces matrones Que t'avais séduites et qui t'aimaient tant, qu't'avais à la bonne Refrain: Dis moi donc mon pote, ben tu parles plus Tu parles d'une époque, si toi tu bois plus Ca fait qu'deux bouteilles qu'on s'est retrouvés Et qu'deux avant-veilles avant d'se quitter Tais toi donc mon pote, compte pas les années, je sais c'est longtemps Qu'on n's'était pas vus, autour de cette table, qu'on n'avait pas bu Tu sais boire sans toi, c'était pas marrant Quand tu t'es cassé, çà m'a bien déçu. Dis donc mon poteau on a peu de temps Pour s'rappeler le temps où qu'on avait l'vin Plus gai que ce soir et plus dynamique et plus avenant Je sais autrefois, c'était plus facile d'être deux copains. Refrain: Dis moi donc mon pote, ben tu parles plus Tu parles d'une époque, si toi tu bois plus Ca fait qu'deux bouteilles qu'on s'est retrouvés Et qu'deux avant-veilles avant d'se quitter Ben t'as pas l'air bien, mon gars réveille toi, y'a ton verre de vin Qui prend la tangente, qui en fout partout, qui va s'renverser Réveille toi Paulo, v'là le patron qui vient L'a pas l'air content de t'voir dégueuler Allez dors un peu, mon cher vieux copain Tu sais t'retrouver, çà m'a fait du bien Un copain de bourre, y'a que çà de vrai pour pouvoir parler Ca dure pas longtemps mais çà m'attendrit de t'voir roupiller. Refrain: Dis moi donc mon pote, ben tu parles plus Tu parles d'une époque, si toi tu bois plus Ca fait qu'deux bouteilles qu'on s'est retrouvés Et qu'deux avant-veilles avant d'se quitter

L'HIVER V'là qu'il revient l'hiver L'hiver et ses misères On a la goutte au nez Enfin pour les plus p'tits Et pour les plus grands La goutte près de tomber D'un vieux médicament Contre les maladies Et un peu mal aux yeux Et le corps un peu froid On s'force à avancer Coincé sous not' chandail Ca rappelle notre maman Et les hivers d'antan Qu'étaient un peu plus froids Enfin je crois m'rappeler. On a les nuits plus fraiches Et ces nuits plus courtes A écouter l'grand tousser Et le petit dernier Respirer bruyamment Dans son sommeil fragile Et marmonner "Maman, Au s'cours je respire plus !" Mais pas souvent papa. Et v'là l'hiver qui revient Et qui fait des dégâts Et qu'a beau se cacher Et qu'a beau s'camoufler Sous ses belles lumières Ses guirlandes en papier Sous ses sapins tronqués Et ses jouets dorés. C'est quand même lui l'hiver Qui a le profil bas Des journées nuageuses Entières à se courber Pour passer sous le ciel Et des journées plus longues Alors qu'elles meurent si vite Putain de mois d'Janvier ! Et v'là l'hiver qui revient Et si qu'il rev'nait pas Est ce qu'on s'rait pas mieux A s'asseoir dans l' jardin Autour de ce sapin ? Mais on a beau le regarder Avec des yeux de braise (putain d'hiver) On pourra pas l'tuer Tiens c'est l'hiver qui r'vient.